Le recyclage, à l’abordage des paquebots !
« Tonnerre de Brest, mille sabords ! », dirait le cap’taine Haddock : il ne sera pas dit que les bateaux resteront « en rade »! Collecte sélective et recyclage sont désormais monnaie courante à domicile comme en villégiature. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il ne passe pas à l’abordage des paquebots et autres bateaux affectés à la croisière...
Le recyclage à bord des bateaux, ce n’est pas la mer à boire. Pour preuve, le « Brillance of the Seas », véritable immeuble flottant avec ses douze ponts, 2 956 personnes dont 2 100 passagers, et les inévitables contraintes liées à la gestion des déchets et au recyclage des eaux usées. Très prochainement, la compagnie va investir quelque 4 millions d’euros pour recycler l'eau en 100% biologique… Pour l’heure, il faut savoir que « chaque jour, on écoule en moyenne 3 000 canettes d'aluminium ». A ce compte là, le recyclage peut s’imposer sans autre forme de procès.
En plus d'avoir un personnel spécialement formé sur chacun de ses navires, la Royal Caribbean diffuse un DVD à destination de ses employés. Le film explique les procédures à respecter pour limiter les rejets : comment trier le carton, le papier, l'aluminium, les déchets organiques, le verre ou le plastique. Comment réduire l'utilisation de serviettes, servir les boissons dans des verres, etc. Des petits gestes qui, répétés à chaque fois que nécessaire, font nettement baisser l'impact environnemental des navires de cette compagnie américaine.
Quid des fumées noires que recrachent les cheminées du paquebot ? « A l'arrêt, nos moteurs sont à puissance minimale pour maintenir l'activité du bateau : électricité, climatisation, etc. A un certain degré, on peut dire que la couleur est significative de la pollution ».
Et la quantité de CO2 rejetée par le « Brillance of the Seas » ? « Ce n'est pas une norme que l'on prend actuellement en compte » note Kevin Gorman qui dirige la salle de contrôle. « Elle est en cours d'étude. Mais pour compenser nos rejets, nous faisons des dons à « Ocean fund », un fond soutenant 48 associations marines à travers le monde ». Autre exemple permettant de préserver la faune et la flore marine (notamment les herbiers de posidonie), le bateau ne jette pas l'ancre : « pour stabiliser le paquebot, nous utilisons le GPS et des turbines à gaz. Elles rejettent 80 % de sulfure et 90 % de carbone en moins dans l'atmosphère qu'une chaudière classique ».
Le recyclage de l'eau est lui aussi, entièrement pris en charge à bord. « Nous disposons d'une mini-station d'épuration que beaucoup de villes pourraient nous envier ! », ajoute l’officier. Les normes européennes imposent au bateau de se trouver à 12 miles nautiques des terres (22 km) et de naviguer à une vitesse de 6 noeuds minimum (11 km/h) pour ces rejets.
« Mais bientôt, notre eau sera entièrement traitée biologiquement et sans chlore, grâce à des enzymes et des ultra-violets moyennant un investissement d’ores et déjà programmé de 4 millions ». Aujourd'hui, le navire, mis en service en 2002, sépare les liquides selon leur degré de souillure : « l'eau noire (toilettes, soins médicaux...) et l'eau grise (douches, lavabos, blanchisserie, condensation, etc.) sont entièrement traitées à bord avant d'être rejetées en mer. C'est une eau parfaitement potable, mais nos clients ne sont pas encore prêts à la boire ! », plaisante l'officier.