Le recyclage BTP chez Clamens, c'est du béton
Au final, 20 tonnes de CO2 sont injectées par mois dans ces eaux. Amaury Cudeville, responsable environnement et développement durable explique qu"au final, le bilan carbone de l'installation est négatif. Nous consommons plus de CO2 pour traiter les eaux que nous n'en produisons pour recycler les matériaux. Nous économisons 5 kg de CO2 pour chaque tonne de matériaux recyclés qui sont ainsi décarbonés". Arrivé liquéfié, le CO2 est stocké dans un silo de 32 tonnes. Après être passé dans un réchaud, il devient gazeux ; il est injecté sous forme de microbulles dans des bassins d'eau claire. La centrale de recyclage des boues de béton étant elle-même onéreuse (4 millions d'euros), il faut donc des gisements de boues abondants pour rentabiliser le processus. Cela tombe bien, c'est le cas en Ile-de-France.
Le groupe traite 100% de ces boues entrantes, soit 180 000 tonnes en 2009 (80% du tonnage), ce qui a permis la production de 110 000 tonnes de sable et de gravillon. Le ciment et l'eau ont entièrement traités. L'injonction de CO2 permet d'établir un bilan carbone négatif, ce dont se targue la PME Clamens. De plus, le groupe offre la possibilité de fournir la totalité des matériaux avec un poids en carbone nul grâce aussi à la compensation carbone réalisée auprès d'organismes qui mettent en œuvre des actions de développement durable qui compensent les émissions de l'entreprise.
Cette volonté de minimiser son impact sur l'environnement n'est pas nouveau. Déjà en 1987, le groupe avait été un pionnier du béton concassé substitué au calcaire broyé, utilisable pour des travaux de voirie. Le recyclage des boues de béton remonte à 2006 ; il est opérationnel depuis juin 2010. Le lavage à grande eau en circuit fermé semble attirer des clients tels que Aéroports de Paris ou la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, qui sont très sensibles aux émissions de carbone.
L'entreprise convainc aussi les professionnels franciliens du BTP et les travailleurs de chantier. En recyclant leurs boues de béton, ils échappent au paiement des taxes imposées par l'Agence de l'eau, et peuvent se réapprovisionner en sable et en gravillons à bon prix. La proximité géographique est un atout majeur. De plus, la société propose un service venant récupérer les boues directement sur site dans une flotte spécialement adaptée, et qui roule principalement la nuit, évitant aux cimentiers de perdre des jours de production. Ce service est réservé aux franciliens ; il a vraiment conquis les professionnels. La preuve; "même les centrales à béton mobiles des nombreux chantiers HQE sont conçues pour qu'on puisse y récupérer les boues", conclut M. Cudeville...