Le recyclé a bonne presse
60% des emballages mis sur le marché seraient recyclés par le biais de la collecte sélective…. Les Français auraient donc intégré le recyclage dans leur mode de vie et accepteraient le produit recyclé comme produit à part entière. Le « recyclé » est passé et occupe le devant de la scène : une vraie révolution si l’on s’en réfère à ce qu’auraient été les réponses apportées aux mêmes questions, il y a seulement cinq ans. Bernard Hérodin, Directeur général d’Eco Emballages, et son staff nous proposaient ce matin de décortiquer une étude récemment menée pour l’éco-organisme…
Eco Emballages a confié à TNS Sofres une étude qualitative mais aussi quantitative sur la base d’un échantillon national représentatif, composé de trieurs et de non trieurs, âgés de 15 ans et plus, avec des entretiens en face à face pour peaufiner les réponses. Objectif : vérifier quelle image a le produit recyclé au sein des familles françaises…
Cette étude s’inscrit également dans le cadre des évolutions réglementaires actuelles sur l'utilisation du plastique recyclé en contact alimentaire…
Le bac de collecte est partout…
59 millions de personnes desservies, des partenariats avec 1 400 collectivités, soit quasiment 36 000 communes, équipées pour organiser la collecte sélective des déchets d’emballages ménagers, tels sont les constats que l’on peut faire.
Pour doper l’ensemble, chaque année a son lot de nouveautés : en 2007, 4 axes d’évolution ont été mis en oeuvre par Eco-Emballages.
Promouvoir la prévention par l’éco-conception des produits
Pérenniser le geste du tri à domicile par une communication de proximité vers les habitants
Optimiser la collecte sélective et
Etendre le geste de tri en dehors des lieux classiques … avec un exemple tout à fait récent, servant de référence dans ce domaine : la dernière édition de la Techno Parade parisienne (voir notre depêche.), à l’instar de ce qui se pratique très régulièrement au Québec, notamment.
Résultat, 42 kg/an/hab. en moyenne, atterriraient dans les bacs ad hoc. Avec un bémol de taille pour ce qui concerne le milieu urbain qui affiche un « petit » 26 kg/an et par habitant. Mais bon… Toujours est-il, qu’il était opportun de réaliser ce travail puisqu’on demande des efforts quotidiens à l’écrasante majorité d’entre nous.
Mais revenons à nos moutons…
Les Français commencent à prendre conscience qu’ils peuvent faire, ensemble, des choses positives en matière de traitement des déchets d’emballages.
C’est d’autant plus important que le « Chevalier solitaire souvent désespère »… Et puis c’est bien connu : « plus on est de fous... »
Le fait que tout le monde « s’y colle » et que les tonnages progressent rassure sans doute : on peut comparer, se satisfaire des résultats obtenus dans son coin ou faire des efforts pour rattraper les copains de la commune d’à côté…
Parallèlement, pour bon nombre d’entre nous, la qualité de l’environnement doit être mise en relation avec la qualité de la santé : 68% des Français se disent préoccupés par les problèmes de pollution des sols et de l’air ; 53% par les problèmes de la qualité de l’air.
Cela étant, consciemment ou inconsciemment, la préoccupation environnementale et le désir/besoin de consommer nécessitent un équilibre supportable par l’individu et pas toujours facile à trouver.
72% sont marqués favorablement par l’utilisation de sacs réutilisables et par la collecte sélective, tandis que 84% déclarent acheter des produits recyclés (34% sont de vrais convertis ; 50% pensent, le faire).
La très grande majorité considérant qu’il « y a du recyclé partout »… ; personne ou presque ne se disant choqué ou agacé à cette idée. La « révolution » des mentalités est engagée : le recyclé n’est plus assimilé à du bas de gamme, de la sous marque ou du petit prix.
Son intégration dans notre univers est admise ; la majorité des personnes interrogées sait aujourd’hui que le produit recyclé ce n’est pas seulement du verre et du papier. Les Français retiennent et soulignent, en effet, la possibilité offerte de valoriser le déchet (79% sont d’accord avec l’idée selon laquelle le recyclage, c’est par exemple transformer un objet plastique en fibre textile, 42% étant tout à fait d’accord).
« Plus de sept Français sur dix contredisent l’idée selon laquelle les produits fabriqués à partir de matière recyclée sont souvent de moins bonne qualité que les autres. Dans la même proportion, les Français sont en désaccord avec l’idée selon laquelle les marques qui utilisent dans leurs produits de la matière recyclée sont « bas de gamme ».
Ainsi, les consommateurs n’identifient a priori pas de différence visible entre produits recyclés et produits fabriqués à partir de matière vierge.
Par ailleurs, le recyclé n’est pas ghettoïsé dans un circuit de distribution spécifique, ni circonscrit à un type de rayon réservé. 8% affirment spontanément qu’il n’y a aucun moyen de reconnaître un produit recyclé par rapport à un autre.
Ces chiffres rendent compte d’une évolution majeure de l’image du recyclé, qui il y a encore peu, était identifié au déchet. Autrement dit une dépréciation réelle et constatée de l’objet qu’on disait laid, souillé, « moche »… et forcément visiblement différent. Le chemin parcouru est considérable », explique Bernard Hérodin.
Une image enfin restaurée
Cela va même très loin puisque 90% des personnes interrogées se disent non gênées à l’idée qu’un emballage soit recyclé ET contienne un produit alimentaire.
S’il est vrai que 29% des gens pensent que le recyclé, c’est d’abord une seconde vie pour les déchets, il est tout aussi vrai que 20% d’entre eux estiment que recycler permet de moins polluer.
Longtemps perçu comme un « sous-produit », le produit fabriqué en recyclé a donc vu son image radicalement changer, notamment en raison de la prise de conscience au niveau individuel des enjeux environnementaux. Au-delà de sa dimension de naturalité, le produit recyclé est désormais perçu par les consommateurs comme un produit technologique avec une véritable valeur ajoutée.
Près de trois quarts (73%) des Français déclarent que le fait de savoir qu’un produit a été fabriqué à partir de matière recyclée les inciterait à choisir ce produit plutôt qu’un autre (73% parmi lesquels 28% déclarent que c’est quelque chose qui les inciterait tout à fait à faire ce choix).
Globalement positive, l’image du recyclé semble également devoir bénéficier à la marque. En effet, trois quarts des Français (75%) affirment que le fait de savoir qu’une marque utilise dans ses produits de la matière recyclée les inciterait à avoir une bonne image de cette marque. C’est une opportunité pour les entreprises : celles qui utilisent déjà dans leurs emballages des matériaux recyclés ont donc intérêt à en informer leurs consommateurs.
« Les Français ont désormais une image positive du recyclé. Hier, ils étaient sceptiques ; aujourd’hui, ils sont nombreux à être convaincus de la qualité des produits issus du recyclage.
C’est un cas unique où les consommateurs ont devancé les grandes tendances et sont en avance sur les industriels. En effet, sur le terrain de l’environnement, les entreprises passent souvent pour diffuser des messages qui restent théoriques. A eux désormais de saisir cette opportunité, qu’Eco-Emballages souhaite soutenir », conclut Bernard Hérodin, qui profite de l’occasion pour rappeler que simultanément, « les producteurs français ont réduit le poids de leurs emballages à hauteur de 200 000 tonnes environ entre 2003 et 2006. Preuve s’il en est que la contribution à laquelle ils sont assujettis, applicable au poids et au nombre d’unités, commence, elle aussi, à produire ses effets ».