L'environnement au cœur de la nouvelle révolution industrielle

Le 15/09/2004 à 21:38  

L'environnement au cœur de la nouvelle révolution industrielle
Stéphane Dion ministre environnement Canada C'est le 10 septembre 2004 que Stéphane Dion, député, ministre de l'environnement du Canada a prononcé son premier discours officiel a Calgary dont le titre est "Protéger l'environnement pour être plus concurrentiel: le Canada, meneur de la nouvelle révolution industrielle ?".
Cette intervention positionne la protection de l'environnement comme le moteur d'une nouvelle révolution industrielle. Après avoir rappelé l'obligation, l'évidence de la prise en compte de l'environnement dans la société civile et son économie, le ministre a souligné la considérable opportunité économique mais aussi le défi social induit par le nécessaire changement de comportements. Pour y parvenir, il a appelé les différents acteurs à une collaboration continue pragmatique.

- Extraits choisis du discours du 10/09/2004 du ministre de l'environnement du Canada -

" Nous sommes témoins de multiples signes de ce que l'on est forcé d'appeler une nouvelle révolution industrielle, révolution au sein de laquelle l'environnement constitue un facteur primordial de créativité, d'innovation et de compétitivité à travers le monde.

Les pays qui ne seront pas en mesure de bien marier les facteurs économiques et environnementaux auront de la difficulté à élever ou même maintenir le niveau de vie de leur population

Sur cette nouvelle révolution industrielle

La fin du 20ème siècle a vu l'apparition d'une économie basée sur le savoir nécessitant l'utilisation des ordinateurs et des technologies de l'information. La nature de la concurrence a alors changé et le succès économique est devenu tributaire d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée et flexible, ainsi que d'une culture d'éducation permanente.

Les nations qui réussissent à concilier environnement et économie bénéficieront d'un avantage économique immense. Celles qui voient l'environnement comme un obstacle à la compétitivité économique seront laissées pour compte. Lors de cette nouvelle révolution industrielle, ne pas tenir compte de l'environnement constituera l'équivalent d'avoir ignoré les avancées au chapitre de la machinerie et de la mécanique il y a deux siècles

Il ne faut pas oublier un phénomène extrêmement important : l'émergence de nouvelles méga économies ayant un très grand besoin d'énergie. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande chinoise en pétrole devrait doubler d'ici 2025, passant de 5,5 millions de barils de pétrole par jour à 11 millions. Puisque d'autres économies émergentes, telle l'Inde, figureront bientôt parmi les gros consommateurs d'hydrocarbures, on prévoit qu'il faudra produire, en 2025, 50% de barils/jour de plus qu'aujourd'hui. C'est pourquoi la prévoyance économique commande dès maintenant la diversification des sources d'énergie et l'amélioration de leur gestion. Dans ce contexte, les énergies renouvelables deviennent non seulement une nécessité écologique, mais aussi une nécessité économique.

Face à cette révolution...Transformer un problème en occasion de réussite

Quels sont les choix qui s'offrent à une compagnie, ou à une nation dans le cadre de cette nouvelle révolution industrielle? Avoir une attitude défensive? Réagir au cas par cas?

Un exemple parmi d'autres :Le Japon a mis au point un cadre d'intervention visant à créer une société axée sur le recyclage. Son but est de faire du Japon le leader mondial au chapitre des produits et services recyclables et de mettre au point des cycles de production et de consommation de produits et matériaux en circuit fermé.

Les actions à mener: Le besoin d'une collaboration continue

Pour y arriver, il faudra plus que de la bonne volonté. Le gouvernement du Canada devra ouvrir la voie à une nouvelle approche, qui tiendra compte des cinq domaines dont nous devons nous occuper.

Un meilleur processus décisionnel. Il nous faut une nouvelle approche pour prendre les décisions qui affectent notre économie et notre environnement, en somme un modèle de gouvernance

Nous avons besoin d'une approche plus déterminée face à la science et la technologie. Cela signifie des partenariats mieux définis avec les universitaires, le secteur privé et les gouvernements. Cela veut dire porter attention à la science et la technologie nécessaire pour l'innovation, la compétitivité et l'excellence environnementale.


Troisièmement, nous avons besoin d'une meilleure information. Il nous faut un mécanisme qui fera en sorte que l'information sur l'état de notre environnement soit connue de tous les intervenants

Il nous faut une structure claire et efficace d'incitatifs. Nous avons besoin d'un régime de conformité et d'application simplifié, équitable et prévisible, visant à appuyer des résultats positifs et à faire de véritables progrès, tout en nous assurant que des amendes et des sanctions seront imposées à ceux qui refusent de faire leur part

Nous devons nous occuper de l'éducation des citoyens et des décideurs au sein des entreprises et de tous les niveaux de gouvernement, pour qu'ils soient en mesure de faire des choix éclairés.

Nous avons maintenant une véritable approche nationale? Je crois que vous serez d'accord avec moi pour dire que la réponse à cette question est non. Je crois que la clé pour ce type de collaboration se trouve dans le premier élément que j'ai mentionné, c'est-à-dire la question de la gouvernance, ou, exprimé plus simplement, le besoin de développer une nouvelle façon de travailler ensemble et d'une façon plus cohérente
J'aimerais faire la suggestion suivante : un élément important pourrait être la création de plusieurs tables de durabilité sectorielle permanentes et continues autour desquelles s'assoiraient des intervenants des secteurs public, privé, les ONG ainsi que d'autres membres-clé de la société canadienne, si
Cette approche ne se concentrerait pas tantôt sur les changements climatiques tantôt sur la qualité de l'air ou de l'eau : elle lierait les problèmes entre eux. "

Pour en savoir plus: Discours à Calgary du ministre de l'environnement du Canada