Les agrocarburants suscitent encore et toujours la controverse
L’Ademe lance le projet "BioTFuel" : 100 millions d’euros investis pour tester la production industrielle d’agrocarburants de deuxième génération, alors que son expertise sur les agrocarburants de première génération n’a même pas été publiée. Une précipitation qui ne présage rien de bon, selon France Nature Environnement. Dans un communiqué intitulé "Projet BioTFuel : pas si beautiful !", l'association fulmine...
La France s’est lancée dans la production industrielle d’agrocarburants de première génération (à partir de graines) sans que leur intérêt énergétique ou environnemental n’ait été démontré. L’expertise "tant attendue" de l’Ademe sur le bilan énergétique des agrocarburants de première génération n’étant toujours pas parue, FNE considère inacceptable de développer des projets de grande envergure pour les agrocarburants de deuxième génération (c'est-à-dire à partir de la plante entière).
"Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs ! Avant tout développement industriel des agrocaburants - qui, au passage, n’ont rien de 'bio' - une expertise sur leur bilan énergétique, climatique, environnemental (eau, sol, biodiversité) et sanitaire des agrocarburants est indispensable", explique Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE.
Qu’il s’agisse de valoriser des déchets agricoles (pailles) ou d’implanter des cultures spécifiques (taillis à courte rotation), l'association rappelle sa plus grande vigilance concernant la production de carburant à partir de biomasse : "Utiliser des terres agricoles pour implanter des taillis à croissance rapide, collecter les pailles au lieu de les incorporer dans nos sols pour reconstituer leur fertilité, sont des pratiques qui remettent en cause la capacité de notre agriculture à nous nourrir", déclare Marie-Catherine Schulz, chargée de mission agriculture. De son côté, Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE, enfonce le clou : "La vocation première de l’agriculture est de nourrir sainement les hommes, pas de d’alimenter les moteurs de nos voitures !".
Et l'association d'en remettre une couche : "L’enthousiasme des décideurs français pour les agrocarburants se prétend 'vert' mais ne remet aucunement en cause l’utilisation de la voiture !". Pour Michel Dubromel, responsable des questions transports à FNE : "Les subventions pleuvent sur la voiture depuis quelques mois ! Prêts à l’industrie automobile, Super Bonus de 5 000 euros pour le véhicule électrique, et maintenant le grand retour des agrocarburants. Plusieurs centaines de millions d’euros à perte pour développer toujours un peu plus de mobilité automobile. Passer de la société automobile à la société éco-mobile implique avant tout de modifier le braquet de nos investissement publics".
En guise de conclusion, l'association demande donc un gel de tout développement industriel des agrocarburants, qu’ils soient de première ou de deuxième génération, tant que leur intérêt environnemental et énergétique n’aura pas été démontré. Comme toujours : affaire à suivre...
Dans la lignée de cet article, et en rapport direct avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de nos précédentes dépêches : Les agrocarburants carburent-ils pour le climat ?? et Biocarburant et agrocarburant : attention à la confusion !.