Les algues vertes bientôt classées comme déchets dangereux ?
On en beaucoup parlé dernièrement : depuis 40 ans, les algues vertes envahissent le littoral de l’Ouest de la France et étendent lentement et inexorablement leur aire de répartition. Dans un communiqué, l'association Robin des Bois prend position, dénonçant une catastrophe "verte"...
Cette pullulation des algues dès que la température de l'eau augmente, également appelée "marée verte", est un phénomène apparu d'abord discrètement en Bretagne dans les années 1960. Il s'est amplifié dans les années 1970, et s'aggrave régulièrement surtout en Bretagne-nord : environ 50 baies et anses ont été régulièrement touchées de 1997 à 2009. L'été 2006, une campagne aérienne a repéré 79 sites dont 50 étaient des plages et 29 des vasières d'estuaires).
"Des idées reçues et pratiques attribuent quasi exclusivement cette poisse aux activités agricoles. Les contributions des marées noires historiques, des immersions de boues de dragage des bassins portuaires, de la pollution atmosphérique issue des activités industrielles et maritimes ne sont pratiquement pas prises en compte", explique l'association Robin des Bois dans un communiqué. "Une tonne de pétrole contient 20 kg d’azote. Depuis 1970 il est connu des spécialistes que les teneurs en phosphore et en azote de l’eau de mer sont au moins cent fois plus élevées à proximité d’un site de rejet de boues de dragage que dans le milieu environnant. La contribution du trafic maritime à la pollution atmosphérique par les oxydes d’azote (NOx) est en augmentation. Les apports en phosphore dus à la croissance de la flotte de plaisance sous-équipée pour le traitement des eaux de WC ne sont pas comptabilisés."
De plus, les stockages provisoires près du littoral (tels des stockages de déchets de marées noires) réalimentent en sels nutritifs les ruisseaux et eaux souterraines qui se dirigent vers le littoral.
Problème sanitaire majeur (sans parler des conséquences socioéconomiques et écologiques) : l'hydrogène sulfuré issu de la putréfaction de grandes quantité d'algues est toxique, même à faible dose pour la plupart des espèces, y compris l'Homme. Rien que cette année, où la biomasse algueuse collectée en Baie de Saint-Brieuc a battu les records des années précédentes, un homme de 48 ans est subitement mort à Lanvollon (Côtes d'Armor) le 22 juillet dernier après qu'il ait déchargé des algues vertes dans l'unité de compostage Smitom de Launay-Lantic. Certaines associations et le directeur de son entreprise estiment qu'il pourrait être mort suite à l'inhalation d'hydrogène sulfuré et non d'un malaise cardiaque comme on l'avait d'abord supposé. Les médias rappellent qu'il y a 20 ans un jogger avait déjà été trouvé mort, et qu'il y a 2 ans un jogger avait également perdu connaissance (4 jours de coma avant guérison).
Le 28 juillet dernier, sur un secteur vaseux de l'embouchure du Roscoat en Baie de Saint-Michel-en-Grève, un cheval enlisé dans la vase est mort après avoir inhalé de l'hydrogène sulfuré. Son cavalier, qui a tenté de l'aider, a perdu connaissance et n'a été sauvé qu'in-extremis par des témoins de la scène.
Dans son communiqué, l'association appelle donc à agir vite et maintenant : "Il faut sans retard inscrire les algues vertes échouées et collectées dans la liste des déchets dangereux, créer des filières fermées d’élimination, protéger tous les acteurs depuis la collecte jusqu’au traitement, consacrer des fonds et des ressources humaines à un observatoire scrupuleux et réactif des espèces algales invasives, faire un inventaire de tous les stockages non déclarés et non confinants, inventorier et peser sur toutes les causes de la prolifération, inventorier et chiffrer toutes les conséquences pour la biodiversité, la pêche et le tourisme."