Les biocarburants augmentent-ils le risque de cancer ?
La combustion incomplète de diesel, de même que la combustion incomplète d'essence mais dans une moindre mesure, produit des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP, ou PAH pour les anglophones) connus pour leur toxicité : en effet, certains HAP sont mutagènes et la plupart également cancérigènes. Des études menées sur les émissions de moteurs diesel ont permis de réduire leurs émissions (mise en place de pots catalytiques et filtres à particules), mais des chercheurs norvégiens affirment que le principe de précaution n'a pas été appliqué lors de l'introduction du biodiesel...
On sait déjà que le biodiesel entraîne une augmentation des émissions d'oxydes d'azote (NOx), mais il engendre également la formation de nanoparticules qui pénètrent facilement et en profondeur dans l'organisme. Problème : selon des chercheurs finlandais, l'émission de nanoparticules serait 5 à 10 fois plus importante lors de la combustion de biodiesel par rapport au diesel fossile. En cause : une combustion incomplète due au moteur conçu pour du diesel d'origine fossile.
Le biodiesel est obtenu à partir de la transestérification d'huile végétale avec un alcool : l'huile végétale réagit avec du méthanol en présence d'un catalyseur et on obtient alors un échange de groupe alkyle. Cette réaction permet de réduire la masse moléculaire, la viscosité et la densité tout en augmentant la volatilité afin de se rapprocher des caractéristiques d'un diesel classique. Les huiles proviennent par exemple d'huile de soja, de palme ou encore d'huile de colza, toutes 3 devenant après transestérification des esters méthyliques d'huiles végétales (FAME : Fatty Acid Methyl Ester). Lors de la combustion incomplète de biodiesel des FAME sont émis.
Peu d'études se sont intéressées aux émissions d'un mélange diesel fossile et biodiesel. Or, ce sont actuellement ces mélanges qui sont principalement commercialisés. "On connait les propriétés carcinogènes des HAP, mais leurs actions avec les FAME n'est pas encore assez étudiées", s'inquiètent les chercheurs norvégiens du centre Vestlandsforskning. Les FAME ont la propriété de s'attacher aux membranes cellulaires. Ainsi, leur action combinée avec des HAP pourrait permettre à ces derniers d'entrer plus facilement à l'intérieur des cellules pour endommager l'ADN et augmenter le risque de cancer. Toutes ces théories sont en train d'être vérifiées par informatique à l'aide de logiciels de simulation de dynamique moléculaire.
A l'heure actuelle, les biocarburants (principalement le biodiesel : en 2007, celui-ci représentait 75% des biocarburants produit dans l'Union européenne) représentent 3% de la consommation en Norvège et 5% d'ici à mai 2011, soit une augmentation de plus de 120 millions de litres de biodiesel. 2 semaines après la parution d'un article soulevant ce problème dans l'hebdomadaire scientifique et technologique norvégien "Teknisk Ukeblad", Heidi Sørensen (la secrétaire d'Etat à l'environnement) a affirmé prendre ce problème au sérieux et avoir saisi l'Agence sur le climat et la pollution (KLIF) de concert avec les autorités sanitaires afin d'obtenir rapidement de nouveaux résultats. Il est en effet urgent de clarifier la situation si l'on veut développer sereinement la consommation de biocarburant dans les années à venir.
source : ADIT