Les effets de la révolution numérique sur l'environnement ?
Au sein de l'Université des Nations Unies Eric Williams et Ruediger Kuehr coordonnent depuis 2001 le programme de recherche consacré aux effets sur l'environnement des technologies de l'information. Cela fait partie du Programme des Nations Unies pour l'environnement et le développement durable au Centre de l'UNU, à Tokyo, au Japon.
A l'occasion de la publication de leur dernier ouvrage " Ordinateurs et Environnement ", ils viennent de communiquer sur leurs travaux qui mettent en avant certaines propositions et réflexions très intéressantes...
Un problème à équations multiples avec inconnues...
Au niveau de la fabrication
Une disproportion entre les quantités de matériaux utilisés, les énergies nécessaires et le poids, la taille des composants: "Pour produire une puce mémoire 32MB DRAM de 2 grammes, on utilise 1 200 g de combustibles fossiles, 72 g de produits chimiques et 32 litres d'eau . Cela représente en tant que consommation d'énergie fossile 600 fois le poids du produit. A titre de comparaison, les combustibles fossiles nécessaires pour produire une automobile représentent une à deux fois son poids et quatre à cinq fois pour produire une boîte en aluminium."
Au niveau de la durée de vie
Une consommation d'énergie équivalente à un réfrigérateur: "De par la quantité d'informations contenues dans les micropuces et leur durée de vie limitée, l'utilisation d'un ordinateur équivaut à celui d'un réfrigérateur en termes de consommation totale d'énergie pour la production et l'utilisation."
Un problème d'élimination: "Le rythme auquel se développent les nouvelles technologies implique que la durée de vie utile de nombreux produits est courte, ce qui engendre une accumulation de produits obsolètes. En Asie, par exemple, les pays en développement font face au recyclage des ordinateurs en fin de vie venus des pays développés, ce qui a des effets désastreux sur l'environnement. Il est vrai que les inquiétudes vis-à-vis des risques que posent les décharges de matériel informatique sur l'environnement ont incité à mettre en place des lois exigeant la collecte et le recyclage de ce matériel en respectant l'environnement. C'est le cas des lois récemment votées dans les pays de l'Union européenne, par exemple, qui imposent des objectifs stricts pour l'ensemble de l'Union en matière de collecte et de recyclage et interdisent l'usage de plomb, de cadmium, de mercure et de matériaux ignifuges bromés dans la plupart des appareils." Mais " La prise de conscience des questions d'environnement est certainement inférieure aux Etats-Unis", par rapport à l'Europe, selon Eric Williams, qui note aussi que l'administration actuelle n'est pas très ouverte à l'idée d'une réglementation. "La plupart des ordinateurs sont produits aux Etats-Unis, c'est une question économique", a ajouté M. Kuehr.
Un problème de mode de consommation: Alors que la façon d'encadrer le recyclage et la destruction des anciennes machines pour prévenir la pollution générée par certains composants informatiques est un moyen de diminuer les effets négatifs sur l'environnement, il faut réfléchir et travailler à l'optimisation de l'usage des ordinateurs, c'est à dire à favoriser l'allongement de la durée de vie des outils informatiques. «Nous devons aller au-delà du simple recyclage et nous intéresser au marché de l'occasion, à la réparation, etc., précise Ruediger. Mieux vaut améliorer sa machine ou la revendre : cela économise 5 à 20 fois plus d'énergie que le recyclage.». Concrétement les gouvernements devraient prendre des mesures fiscales incitatives et lancer une sorte d'«Argus informatique» pour encadrer un marché de l'occasion. Depuis les années 80, les ventes d'ordinateurs ont carrément explosé: elles progressent de 10 % par an et 130 millions de machines sont écoulées chaque année. «On ne sait pas exactement combien sont remisées à la cave ou jetées dans le même temps. Peut-être 20 millions, peut-être plus.» Une
Un problème de mesure des effets de l'usage des nouvelles technologies sur l'environnement :" L'augmentation du flux et de la capacité à analyser l'information améliore la gestion de l'environnement. Les changements sociaux et commerciaux rendus possibles par la technologie de l'information, tel que le commerce électronique, sont plus efficaces du point de vue économique et (souvent) écologique. Le télétravail, par exemple, représente une occasion de réduire les effets néfastes sur l'environnement causés par l'usage de l'automobile. Mais ces nouvelles technologies stimulent également la consommation en améliorant la croissance économique, faisant baisser les prix et augmentant le choix des consommateurs."
En guise de conclusion...
On ne peut que constater le retard des comportements humains face à la rapidité des évolutions techniques. Si la priorité est la production et la consommation, les producteurs se préoccupent peu des conséquences sur l'environnement issues de la fin de vie produits.
La contradiction est d'importance: face à des marchés en forte croissance, des produits dont la durée de vie raccourcit, des flux en matière de transport qui augmentent, les conséquences sur l'environnement restent méconnues alors qu'il est certain que l'on devra minimiser les effets néfastes que posent les technologies de l'information sur l'environnement.
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