Les fusées de détresse lancent un SOS
Il est de bon ton, depuis plusieurs années, de parler de collecte sélective, de traitement en fin de vie de VHU, DEEE et autres navires en perdition. Les fusées de détresse en fin de vie (un million d’unités sont périmées chaque année) se sentant oubliées, elles lancent un SOS. Si l’Etat a bien reçu et compris le message, c’est comme d’habitude le « qui paye quoi » qui pose problème…
Les plaisanciers respectueux de l’environnement peuvent faire un geste sympa au profit de l’écologie : rapporter leurs fusées de détresse usagées lors du salon nautique international à flot du Grand Pavois, qui se déroule comme à l’accoutumée à La Rochelle, du 19 au 24 septembre.
Pour la seconde fois, Veolia Propreté est sur le pont et sponsorise le traitement de ces déchets explosifs et donc dangereux, sur son site suisse de Bâle.
L’an dernier, l’événement devait prendre une tournure décisive car la collecte de «signaux pyrotechniques» (alias les fusées de détresse) périmés devait permettre de tirer les premiers enseignements quant à la mise en place d’une filière pérenne de collecte et de traitement. Et en effet, plus de 3 000 de ces signaux de détresse provenant de la navigation de plaisance ont été collectés par Pyrotechnis, filiale de Veolia Propreté.
Le succès est largement dû au fait que les propriétaires de bateaux sont dans l'obligation de changer leurs fusées tous les trois ans mais aussi que dans la plupart des cas, ils ne savent que faire des anciennes : «En ce qui concerne la collecte et la destruction des engins pyrotechniques, les pratiques sont aujourd’hui très artisanales: au mieux, les signaux sont remis à des artificiers ou aux services de déminage qui les détruisent par brûlage (incinération sans récupération des gaz dans une zone sécurisée)», indique un rapport réalisé par Bio intelligence service pour l’Ademe, publié en décembre 2006.
Il est évident que l’organisation d’une filière ne serait pas difficile à mettre en place. Les services de l’Etat penchent pour la collecte des feux à main, fusées parachutes et autres fumigènes chez les revendeurs et/ou les capitaineries de port, qui seraient en charge de contacter un éco-organisme, lui même responsable de la gestion de la filière. Celui-ci les transporterait «dans des cartons agréés par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris)» vers des centres locaux de regroupement, puis vers une installation de traitement nécessitant une autorisation préfectorale. Pour l'heure, il en existe en Suisse, en Allemagne et en Espagne mais il est clair que la mise en place d’une filière spécifique pourrait inciter les industriels à investir dans une installation en France.
Rien n'est joué on l'a bien compris. C'est peut être la raison pour laquelle l'opération 2006 et celle de cette année ont bénéficié d'une subvention... La mise en place d'une véritable filière nécessitera de la part du Gouvernement de trancher quant à savoir qui paie quoi...
Il paraîtrait que le coût de la collecte et du traitement d'une fusée de détresse est déjà évalué : environ 4,9 euros par unité pour un prix de vente compris entre 15 et 25 euros. Cher? Sans doute. La destruction de l'engin seule pèserait 40% du prix ; le transport sécurisé, 35%.
Une responsabilité élargie du producteur (REP), toujours à la mode, qui impliquerait inévitablement un financement à 100% du fabricant ou de l’importateur (ces produits viennent souvent du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et de Chine), ne semble pas retenue.
Selon le rapport de l’Ademe, il faut « limiter l’augmentation des prix de vente au public pour une filière purement nationale». L’agence préconise une responsabilité des producteurs à hauteur de 20% du prix de vente, à charge pour les détenteurs de payer le reste.