Les vieux incinérateurs, générateurs de cancer
C’est ce qui semble ressortir des constats de l’Institut de veille sanitaire qui certifie l’existence d’une relation directe entre les émissions d’incinérateurs et l’apparition de cancers. L’affaire semble entendue… Ces données concernent bien entendu les incinérateurs anciens et avant les mises aux nouvelles normes.
Selon l’Institut de veille sanitaire, qui publie dans son «Bulletin épidémiologique hebdomadaire» (BEH), une série d’articles sur l’incinération des ordures ménagères en France et ses effets sur la santé, l’incidence sur la survenue de cancers des incinérateurs de déchets en activité entre 1990 et 1999 semble établie. Pour l’heure, les incinérateurs « modernes » sont hors de cause. Un grand merci donc à la mise en oeuvre des nouvelles normes qui divisent très sensiblement les émissions autorisées.
Cette étude visait à analyser la relation entre l’incidence des cancers chez l’adulte et l’exposition aux émissions atmosphériques des usines d’incinération d’ordures ménagères. Elle a porté sur les cancers du foie, du poumon, du sein, les leucémies, les myélomes multiples, les lymphomes malins non hodgkiniens, les sarcomes des tissus mous, tous diagnostiqués dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, l’Isère et le Tarn entre 1990 et 1999. Près de 135 000 cas de cancer ont été collectés sur environ 25 millions de personnes-années.
L’exposition des unités statistiques (îlots regroupés pour l’information statistique - IRIS) au cours des années 1970-1980 a été quantifiée par la modélisation du «dépôt surfacique accumulé» des dioxines émises par 16 incinérateurs.
Les risques de survenue de cancer dans les IRIS fortement exposés aux incinérateurs sont comparés aux risques observés dans les IRIS peu exposés.
Or, «une relation statistique significative a été mise en évidence chez la femme entre l’exposition aux incinérateurs et l’incidence des cancers toutes localisations réunies, du cancer du sein et des lymphomes malins non hodgkiniens.» Un «lien significatif a été également retrouvé pour les lymphomes malins non hodgkiniens chez les deux sexes confondus et pour les myélomes multiples chez l’homme uniquement.»
Néanmoins, cette étude écologique géographique «ne permet pas d’établir la causalité des relations observées, mais elle apporte des éléments convaincants au faisceau d’arguments épidémiologiques qui mettent en évidence un impact des émissions des incinérateurs sur la santé. Portant sur une situation passée, ses résultats ne peuvent pas être transposés à la période actuelle ».
Pour accéder au Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 7-8 (17/02/2009) : http://www.invs.sante.fr/beh/2009/07_08/beh_07_08_2009.pdf