L'Europe est favorable au démantèlement responsable des navires en fin de vie
Dernièrement, avec l'épisode du Clemenceau, l'Union Européenne a été saisie par l'urgence et l'ampleur du problème que constitue le démantèlement des navires en fin de vie. Stavros Dimas, commissaire européen à l'environnement, a annoncé dans un discours fin avril la nécessité d'adopter une législation adéquate et réaliste pour ces filières de démantèlement. "Il y a un besoin urgent de règles internationales contraignantes plus strictes", a-t-il notamment indiqué...
Chaque année, près de 700 navires sont démantelés dans le monde, et le nombre de bateaux en fin de vie augmentera considérablement dans les années à venir. En 2008, avec l'interdiction des pétroliers à double coque, on devrait atteindre les 1 400 bateaux à démolir chaque année...
Dans la majorité des cas, le démantèlement des bateaux a lieu sur des côtes de l'Asie méridionale (en raison des faibles coûts pratiqués), mais il n'est pas toujours pratiqué correctement. Les ouvriers affectés à cette tâche sont souvent atteints de pathologies diverses, car ils sont exposés à des substances toxiques (entre autres l'amiante) sans protection particulière. Et d'un point de vue environnemental, il n'y a souvent aucun équipement adéquat ou de précaution prise pour traiter ou recueillir les substances dangereuses contenues dans ces vieux bateaux, ce qui est entraîne une pollution de l'eau et du sol des secteurs côtiers.
Dans son discours, Stavros Dimas a souligné la nécessité de faire en sorte que le démantèlement des navires soit réalisé d'une manière sûre et respectueuse de l'environnement et de la santé humaine. Pour cela, il préconise d'établir des normes contraignantes adoptées au niveau mondial, qui garantissent une solution efficace au problème du recyclage des navires, et une gestion sûre et écologiquement rationnelle de leur démantèlement. Il a aussi appelé les armateurs européens à "envisager volontairement des initiatives crédibles et réalistes", sous peine d'y être obligés par la Commission européenne.
Le commissaire à l'environnement a également préconisé que les gouvernements des Etats membres de l'UE optent pour une gestion responsable des bateaux en fin de vie. Il ainsi cité en exemple le Royaume-Uni qui, après 3 ans de réflexion et de consultations, a publié fin mars 2006 "une stratégie nationale sur le recyclage des navires", qui recommande d'accroître les capacités nationales, ainsi que de relever les normes en vigueur sur les chantiers asiatiques.
Le recyclage des bateaux en fin de vie représente à lui seul un marché de près d'1,2 milliard d'euros par an, et cette activité est par définition durable, puisque 95% des matériaux collectés peuvent être réutilisés ou recyclés. De plus, comme l'a souligné Stavros Dimas, le prix de l'acier et des métaux "rend le démantèlement des bateaux économiquement viable pour les armateurs", même en Europe.