L'ile Maurice prête pour la révolution ... Verte
Vikash Tatayah et Yacoob Mungroo, respectivement gestionnaires de la faune et de la flore au sein de la principale ONG environnementale de l'ile, la Mauritius Wildlife Foundation (MWF) sont convaincus de la nécessité de " mettre en place des espaces verts dans tous les villages et les villes". Et d’ajouter qu’il faudra toutefois surmonter un obstacle de taille : la mentalité des Mauriciens. «On doit changer notre attitude envers l’environnement et agir de manière plus responsable.» Pour cela, il faudra conscientiser la population quant à «nos trésors nationaux et les moyens de les sauvegarder et, surtout, inculquer ces valeurs aux jeunes générations»... Et puis, il faut recycler certains déchets ...
Le secrétaire de Nature Watch, John Lam partage cette opinion. «C’est à nous d’être moins insouciants et d’établir la relation entre nos gestes quotidiens et le salut de notre planète.» Sauver la planète est donc à la portée de tous. «Un arbre dans le jardin nous procure de l’oxygène, de l’ombre, ainsi qu’un habitat pour les oiseaux et les insectes», suggère-t-il.
Même son de cloche chez Eco-Sud, qui concède que cette responsabilité revient aux ONG. «Les ONG oeuvrant pour l’environnement devront sensibiliser les habitants. Elles doivent inviter les gens à ne pas abattre d’arbres même s’ils grignotent une partie de l’espace disponible, à ne pas bétonner leur cour et ses allées, même si cela leur simplifie la vie, question d’entretien, mais planter du gazon et des arbustes et faire filer des plantes grimpantes sur leurs clôtures, suggère Doris Sénèque, dans les villes, les quartiers ou les cités où le mal est déjà fait et où le béton règne en maître, il n ‘est pas trop tard pour que les municipalités essayent d’y remédier en ajoutant un maximum de bacs de plantes là où un petit espace s’y prête».
Autre thème récurrent : le tri des déchets et recyclage. « Nous devons moderniser nos services de ramassage et introduire le tri, le recyclage et le compostage», explique le conseiller du ministre de l’Environnement, Ananda Rajoo. «Notre plus grand défi environnemental est de préserver l’habitat humain et la biodiversité de notre île.» Pour cela, il faudra «relever les défis» que posent l’urbanisme, la gestion foncière, la pression sur le littoral et son impact sur les lagons et les récifs.
Pour Doris Sénèque, la seule façon de freiner la saturation des centres d’enfouissement est «le recyclage de certains déchets». Elle estime que «chaque Mauricien devra apprendre à trier ses déchets au lieu de les jeter en vrac à la poubelle.»
Une des méthodes préconisées est le compostage de déchets végétaux de la cuisine et du jardin. Les Mauriciens pourront ainsi produire leur propre engrais. «Même si l’on se contente d’entreposer au fond du jardin les déchets végétaux de la cuisine, par le simple fait de ne pas les jeter à la poubelle, on fait preuve de civisme parcequ’on soulage le centre d’enfouissement de Mare-Chicose», avise-t-elle. Est-ce si difficile pour chaque citoyen de se lancer dans le compostage des déchets végétaux ?
John Lam détaille la pertinence du compostage. «Les légumes qu’on jette à la poubelle sont très efficaces comme engrais. La plupart des déchets organiques peuvent être compostés. Le compostage est un mélange fermenté de résidus organiques et minéraux, donc un bon fertilisant.» Il met également en garde contre le gaspillage. «Ne gaspillons pas l’eau et l’électricité car cela exerce une pression sur l’environnement. Au bureau, utilisez le recto-verso du papier en sachant qu’une tonne de papier recyclé est une économie de 2,5 tonnes de bois coupé. Achetez du papier recyclé.»
Être responsable se traduit également dans nos achats, renchérit Pamela Bapoo-Dundoo. «Exemple concret, le choix entre une boisson en cannette (aluminium) et une bouteille (verre). La cannette a nécessité beaucoup d’énergie pour être fabriquée et elle risque de rester un déchet pendant longtemps.... Le verre, en revanche, est facilement recyclable. Or, trouver de nos jours des boissons gazeuses dans des bouteilles en verre relève de la chasse au trésor.»
Pour Ananda Rajoo, il est primordial que cette évolution soit universelle. «Chaque Mauricien a le devoir de revendiquer un environnement plus sain, mais il a également des responsabilités, telles que la salubrité, le respect des règles de bon voisinage, de modes de vie plus saines et plus eco-friendly.»
Entreprises, hôtels, hôpitaux, écoles et autres institutions peuvent aussi contribuer à faire de notre pays un endroit plus vert et à rendre son développement plus durable. «Si un million d’habitants appliquent ces petits conseils au moins une fois par semaine, nous arriverons sûrement à diminuer la pollution et nos villes et villages seront plus vertes», conclut Pamela Bapoo-Dundoo.
Pour ceux qui s'intéressent au problème de gestion de l'environnement dans les îles paradisaques : lire aussi ce communiqué de mars 2004 du PNUE