Limoges bichonne son traitement des boues d'épuration
La semaine dernière, Limoges Métropole a inauguré son nouvel atelier de déshydratation des boues à filtre presse. Cet équipement fait partie de la filière de traitement de la station d'épuration de Limoges ; il a pour objectif de sécuriser la dernière étape du conditionnement des boues et de suppléer à l'atelier de pré-séchage existant en cas d'indisponibilité ou de maintenance...
Cet investissement lourd (environ 7,9 millions d'euros) bénéficie des subventions de l'Ademe Limousin (185 225 euros) et de l'Agence de l'eau Loire Bretagne (2 275 000 euros) La maîtrise d'oeuvre du chantier a été attribuée au groupement de sociétés Poyry (ex Beture Cerec) / Babylone Avenue. Les travaux prévus ont débuté en septembre 2006 avec la démolition de l'ancien atelier de valorisation des boues et les réalisations des fondations spécifiques ; la mise en service de l'atelier est intervenue courant mai 2008. Les travaux de finition sont en cours d'achèvement ; l'atelier est actuellement en phase d'observation avant sa réception définitive.
L'une des principales contraintes d'exploitation d'une station d'épuration à boues biologiques en aération prolongée est le traitement des boues, c'est-à-dire l'extraction et la déshydratation de celles-ci. Ces deux opérations doivent être réalisées en permanence afin de maintenir un niveau constant de boues dans les bassins biologiques. La dotation d'un équipement supplémentaire permet donc de sécuriser la filière boues. D'une capacité nominale de traitement de 20 tonnes de matières sèches par jour équivalent à la production maximale de la station, cet atelier fonctionnera en alternance avec l'atelier existant de pré-séchage ("Centridry") : il pourra le suppléer en cas de maintenance ou d'indisponibilité (qui peut nécessiter un arrêt complet de la filière boue), évitant ainsi le recours à la location ponctuelle d'équipements mobiles coûteux, comme c'était le cas jusqu'à présent.
Ce nouvel atelier de déshydratation est composé de deux lignes équipées d'immenses filtres presse à membranes d'environ 15 mètres de long chacune, composés de 129 plateaux. La conjugaison de pressions élevées et du conditionnement au lait de chaux (possible dans cette nouvelle installation), permettra d'obtenir des boues déshydratées atteignant une siccité de l'ordre de 30%. Les boues passent alors de l'état liquide à l'état pâteux ou solide : on parle de "gâteaux". Après "débâtissage", les gâteaux sont récupérés dans une trémie où des bennes, placées sous les filtres, viennent les collecter pour les envoyer vers une plateforme de compostage.
L'intérêt des filtres-presses à membranes réside dans l'augmentation de la productivité, par le biais d'un compactage à 15 bars de pression et grâce au débâtissage automatique. Le gain de temps se traduit par une durée de cycle réduite à 2h30 par pressée (1h30 de filtrage + 20 à 30 mn de compactage + 30 mn de débâtissage), soit une capacité maximum de 9 pressées par jour sur les 2 filtres.
Situé en bords de Vienne, le long d'une promenade en plein coeur de Limoges, l'édifice a été conçu pour intégrer parfaitement les contraintes architecturales, urbanistiques et paysagères du secteur : façade "noble", côté bord de Vienne entièrement vitrée, béton architectonique imitation "bois" donnent une esthétique stylisée à ce bâtiment technique.
Une unité de désodorisation physico-chimique spécifique à ce bâtiment a été créée pour l'occasion : un réseau d'extraction d'air important avec captage à la source (prise d'air dans les trémies de dépotage sous les filtres presse) permet de regrouper et de confiner les sources de nuisances olfactives (choix d'un transfert des boues par pompage). L'air vicié est ensuite traité par 3 laveurs installés en séries (acide, javel-soude, javel-soude) puis rejeté propre vers l'atmosphère (capacité d'extraction de l'air vicié = 35 000 m3/heure).