Macrodéchets aquatiques : un plan d'attaque !

Le 18/05/2009 à 19:11  

Macrodéchets aquatiques : un plan d'attaque !

Macrodéchets aquatiques Suite à une résolution du Grenelle de l'environnement, l'association Robin des Bois a piloté à six reprises, entre décembre 2008 et avril 2009, le groupe de travail dédié à la réduction des macrodéchets en milieux aquatiques. Sans tarder, elle vient de publier les recommandations issues de ces réunions en vue de la mise en place d'un plan coordonné pour leur réduction. Encore un vaste chantier à traiter...

Les macrodéchets aquatiques sont à 70% d'origine terrestre, le solde provenant des activités maritimes. Et de 75 à 90% ils sont en plastique. Ils constituent des pièges physiques et des leurres pour la biodiversité marine notamment les mammifères et des espèces commerciales. Ils peuvent exposer les populations et les chaînes alimentaires à des risques sanitaires et avoir des effets négatifs sur la qualité des eaux et des habitats. Ils portent atteinte à la sécurité de la navigation et des activités professionnelles de pêche.

En amont, ils représentent un fardeau financier et technique pour les gestionnaires des voies navigables et en aval pour les collectivités qui financent le nettoyage du littoral.

Premier constat, compte tenu de la diversité d’origine, de production et de composition des déchets dans les milieux aquatiques, un plan nécessite des actions coordonnées et combinées de réduction progressive et de gestion. Il se divise principalement en quatre étapes : connaissance, réglementation, collecte et financement.

Connaissance : il convient de mieux connaître les impacts environnementaux, technico-économiques, et surtout de réaliser un inventaire. A cet égard, dans l'état actuel, on considére que plus globalement les déchets constituent un fléau majeur pour les eaux continentales et marines et notamment pour le littoral ultramarin. D'où l'importance d'approfondir les recherches sur les impacts en matière d'analyse chimique des eaux et sur les milieux marins. Au niveau de l'inventaire, il existe déjà des observations, mais le groupe de travail recommande la création d'un nouveau protocole unique et simplifié de quantification et de qualification des déchets ramassés en eaux douces et sur le littoral en tenant compte des gisements locaux. Il serait confier à un organisme coordinateur qui aurait les moyens organisationnels et financiers (CEDRE, ONEMA ) et prendrait le soin de collecter. Le même type d'action serait à effectuer pour les plages, les fonds marins avec la participation du CEDRE, D'IFREMER

Réglementation : au niveau national, un renforcement de la signalisation, du respect des lois auprès des citoyens avec application des sanctions et en dernier ressort obligation de collecte des collectivités locales est conseillé. Dans le cadre des pollutions des rivières et par hydrocarbures, il faut mieux informer les représentants de la force publique, les procureurs pour qu'ils sanctionnent de tels agissements. Un renforcement de l’application de la réglementation sur les envols des déchets dans l’ensemble des filières de collecte, de recyclage, de valorisation et d’élimination notamment en phase de transport routier et fluvial est aussi à prévoir.

Autre sujet à traiter, celui des opérations d’extraction des vases au fond des bassins portuaires et des chenaux de navigation. Le volume total dragué sur le littoral atlantique est d’environ 70 millions de tonnes par an et dans certains ports méditerranéens, les déchets dans les sédiments dragués pourraient représenter jusqu’à 30% du volume. Un travail d'estimation des macrodéchets, et d'amélioration des pratiques sera à réaliser.

Au niveau international, il convient de travailler particulièrement sur la gestion du bassin méditerranéen via le MEDPOL. La question de la perte de conteneurs est aussi à encadrer à travers l'Organisation Maritime Internationale. Dans le même ordre, il faut renforcer les contrôles en matière de de sécurité maritime, prévention de la pollution.

Planification : parmi les principales recommandations à retenir : amélioration des filières de collecte et de gestion des déchets dans les collectivités d'Outre-Mer, établissement de mesures de prévention avant des aléas climatiques qui génèrent une importante quantité de déchets, intégration des macrodéchets parmi les sources de pollution dans les SAGE et SDAGE ( Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux ).
Il faut aussi intégrer la collecte sur les cours d’eau, les lacs, les étangs et le littoral et la gestion des macrodéchets dans les PDEDMA et les PREDD.
Autres recommandations : Inventorier et cartographier les zones d’accumulation préférentielles de macrodéchets dans les eaux intérieures, dans les bassins portuaires, encadrer les dépôts sauvages et les décharges anciennes non autorisées en bord des voies d’eau. Lors de grands évènements itinérants, inscrire dans les dossiers d’organisation et d’autorisation des plans de prévention et de gestion des déchets.

Information : des campagnes nationales plurimédia et des campagnes ciblées sont conseillées par exemple sur des sujets tels que les déchets jetés par les usagers de la route qui s’accumulent dans les fossés et rigoles, les épaves et fragments des lâchers de ballons qui sont un indicateur important de la pollution du littoral intérieures.

Ensuite est abordé la problématique des Flux Spécifiques.

Ils concernent :

- Les petits déchets flottants principalement en plastiques. Ces matériaux se fragmentent successivement en particules de plus en plus petites et jusqu’à former un nanoplancton. La désintégration entraîne une augmentation de la surface en contact avec le milieu et les particules ont la capacité d’adsorber les polluants présents dans le milieu marin. Les conséquences environnementales de cette « miniaturisation » sont encore mal connues alors que les particules rentrent dans la chaîne alimentaire des organismes marins ou des espèces aviaires.

Parmi les recommandations, on retiendra : développer un suivi quantitatif et qualitatif spécifique aux petits déchets comme les granulés de plastique, paillettes, petits fragments de dégradation des emballages, revoir aussi la gestion des minidéchets flottants, capsules, bouchons ... qui sont jetés sur la voierie et dans les lieux publics puis repris par les orages ou le lavage à l’eau des trottoirs et des caniveaux. Sans oublier la question des réseaux d'assainissement.

- Conseils sur les déchets à bord des navires : profiter de la révision de l’annexe V de Marpol pour qu’aucun rejet ne soit autorisé en mer, y compris les broyats, sauf une liste très limitative de déchets organiques en s’appuyant sur l’engagement volontaire d’armateurs représentatifs ; Rappeler aux officiers de port et aux inspecteurs de la sécurité des navires l’ensemble des règles applicables concernant l’annexe V et attacher lors des contrôles, Rappeler aux consignataires et agents maritimes leur responsabilité en ce qui concerne la mise à disposition sans délai des moyens fixes ou mobiles de réception des déchets.

- Sur les voies navigables : améliorer en termes quantitatif et qualitatif le réseau de collecte des déchets dangereux et des déchets ménagers et assimilés et veiller à ce que les rythmes de collecte soient adaptés aux quantités déposées. Améliorer le signalement, l’accessibilité et la disponibilité des installations de collecte des déchets dans les ports de pêche, de commerce et de plaisance.

- Les déchets de filière de pêche : il est conseillé de créer une filière nationale pour la gestion des engins de pêche hors d’usage et des cordages, accessoires de pêche et autres engins périmés déposés sur les quais ou récupérés sur le littoral et en mer. Idem pour une filière de collecte et d’élimination ou de valorisation des déchets d’exploitation conchylicoles en y incluant les plastiques et les métaux, ainsi que la valorisation des déchets coquilliers.

Pour en savoir plus : http://www.robindesbois.org/macrodechets/Dechets_Milieux_Aqua_rdb.pdf