Marché carbone : la grande arnaque !!
C'est trop énorme pour y croire, et pourtant... Une étude de l’ONG Sandbag, relayée dans un communiqué par le WWF, révèle que l’industrie européenne va pouvoir réaliser d’importants profits sur le marché carbone... sans faire d’effort pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) ! De qui se moque-t-on ?!...
En effet, en abusant de l’argument de la compétitivité, le secteur de l’industrie (hors énergie) a réussi à obtenir le droit d’augmenter ses émissions de GES. Ajoutons à cela une baisse d’activité liée au ralentissement économique, l’industrie bénéficiera d’un surplus de 400 millions de tonnes de CO2 de droits à polluer pour la période de 2008 à 2012. Elle se réserve donc la possibilité de revendre ces droits en générant ainsi des bénéfices de l’ordre de 5 milliards d’euros. On croit rêver...
Ces droits pourront également être mis en réserve pour la prochaine phase de fonctionnement du marché des quotas (2013-2020), prolongeant ainsi le manque d’incitation à créer une industrie plus "verte". Les droits excédentaires des industriels ne sont pas le seul problème : l’afflux de crédits issus de la compensation carbone et les réserves de droits à polluer dont bénéficient les pays européens pourraient encore aggraver la situation.
"Avec cet excédent, les industriels européens n’auront pas à lever le petit doigt pour réduire leurs émissions au moins jusqu’en 2015 ! Les industriels français quant à eux pourront empocher jusqu’à plus de 280 millions d’euros en vendant ce surplus. On nage en plein paradoxe avec un système qui fonctionne sur le mode du pollueur-payé !", s'insurge Morgane Créach du RAC France (Reseau Action Climat).
Pour Damien Demailly du WWF France, "l’Europe doit rectifier le tir sans plus attendre et passer à un objectif de réduction de ses émissions beaucoup plus ambitieux. Elle s’est engagée l’année dernière à réduire ses émissions de 20%, voire de 30% en cas d’accord international. Du fait du ralentissement économique, le coût pour réduire les émissions européennes de 30% est aujourd’hui moins élevé que celui prévu l’année dernière pour atteindre un objectif de réduction de seulement 20%. C’est l’occasion pour l’Europe de prendre un engagement cohérent avec les scénarii climatiques : réduire ses émissions de 40% pour 2020 !".