Maroc : le recyclage des piles manque d’énergie
Rien ou presque en terme de législation sur le recyclage des piles au Maroc. Il n’y aurait guère de système de valorisation alors qu’on en utilise de plus en plus, comme partout ailleurs dans la monde. Et ce n’est pas faute d’avoir orchestré des études….
Les piles usagées comptent parmi les déchets solides les plus délicats à gérer. Leur incinération sans autre forme de protection émet des substances toxiques dont les dioxines. Les cendres et déchets résultant de cette combustion contiennent des métaux lourds.
Pour pallier ces difficultés, un certain nombre de pays ont mis sur pied un système de récupération et valorisation des piles usagées, financée par la taxe d’élimination anticipée, ce qui facilite leur valorisation et aussi la récupération du zinc et du mercure.
- La taxe d’élimination anticipée -
LA TEA est comprise dans le prix d’achat des piles. Comme son nom l’indique, elle est prélevée de manière anticipée, c’est-à-dire au moment de la mise dans le commerce du produit. Concrètement, les vendeurs restituent le montant de la taxe aux producteurs/importateurs, qui, ensuite, la reversent dans le fonds de recyclage des piles. Cette taxe doit financer tout le processus de recyclage par une entreprise spécialisée, la collecte et le transport, la sensibilisation au recyclage des piles et les frais de gestion. Le montant de la taxe varie selon le poids des piles. Le secrétariat d’Etat chargé de l’environnement a élaboré en janvier 2009 une étude sur la réforme fiscale environnementale au Maroc, qui propose, dans le volet déchets solides, l’instauration de la TEA. Reste à concrétiser |
Au Maroc, aucune mesure n’a été prise, allant dans ce sens.
Pour rappel, selon notre confrère marocain l'Economiste, « en juin 2005, un projet d’une étude de faisabilité de récupération des métaux des piles électriques au Maroc a été conduit par la Banque mondiale et financé par la Commission européenne». A ce jour, rien de nouveau à l'horizon et aucune avancée à déclarer.
«Des réformes dans tout le processus doivent être faites : de la production, la distribution, en passant par la consommation jusqu’à la péremption du produit et sa valorisation», a déclaré Aziz Nbir, ex-membre d’APC (Association professionnelle des cimentiers), actuellement gérant d’une entreprise œuvrant pour la protection de l’environnement.
Chaque maillon de la chaîne doit jouer pleinement son rôle. Les fabricants devraient spécifier sur l’emballage quel est le processus de la collecte à privilégier et rappeler la nocivité environnementale du produit.
Du côté des distributeurs, il faudrait mettre les piles à la disposition des filières de recyclage.
Quant aux particuliers, ils devraient être amenés à déposer leurs piles usagées dans les bacs de collecte prévus à cet effet et penser à utiliser des piles rechargeables à la place des jetables.
Pour ce faire, la création d’une filière de collecte et de valorisation de piles et autres accumulateurs usagés est une condition sine quae non. Pour bien faire, il faudrait créer des points de collecte, aménager leur visibilité dans le commerce de distribution. «Le législateur est amené à innover en matière de textes juridiques et instaurer une obligation d’agir et non une éventualité de la part des acteurs de la chaîne. La loi 28-00 sur le traitement des déchets est une avancée dans ce sens», affirme aussi Aziz Nbir.
Outre le volet législatif, la communication reste fondamentale pour sensibiliser le public. Et dans ce domaine, les organismes de collecte, mais aussi l’Etat auront un rôle crucial pour pousser à une prise de conscience et à la responsabilisation du plus grand nombre. Comme on le voit, les idées de manquent pas de l'autre côté de la Méditerranée. Gageons qu'elles seront bientôt suivies d'effets...