Maroc : le secteur emballage, prêt au décollage par le biais de la qualité et du recyclage
Avec un marché intérieur restreint mais en évolution, l'industrie de l'emballage, qui reste un secteur concentré, est tournée vers l'extérieur et dépend étroitement des résultats de la production marocaine destinée à l'exportation. C'est ce que montre un rapport de la Mission économique française à Casablanca qui ajoute que, même «si certains freins anciens au développement de ce secteur perdurent aujourd'hui, d'autres disparaissent progressivement et l'on peut même estimer que le contexte actuel pourrait favoriser un décollage significatif de cette activité à moyen terme»… Il passerait par le biais de la qualité des emballages et par le recyclage, considéré comme une solution d’avenir…
Selon cette note, « le marché marocain de l'emballage souffre de faiblesses importantes qui nuisent à son développement. Il s'agit notamment d'un marché local faiblement consommateur d'emballage, en raison notamment des modes de consommation, d'un manque de sensibilisation à l'hygiène et à la qualité des emballages et d'une absence de conscience écologique »...
«Avec une consommation estimée à moins de 20 kg par an et par habitant, contre plus de 200 dans les pays de l'Union européenne, le Maroc apparaît comme un marché faiblement utilisateur d'emballages».
Notre confrère "Le Matin" rappelle d'ailleurs que les produits alimentaires, par exemple, sont traditionnellement achetés frais et le plus souvent en vrac, y compris les produits secs comme les pâtes ou les légumineuses. Le consommateur est plus sensible au prix qu'au packaging.
Et que «l'écrasante majorité des Marocains qui s'approvisionne dans les épiceries de quartier est peu regardante sur les conditions sanitaires dans lesquelles les produits sont entreposés et présentés à la vente, même si leur consommation entraîne de nombreuses intoxications alimentaires». Les emballages (sacs en plastique, bouteilles, bidons, papiers) sont d'ailleurs souvent réutilisés plusieurs fois sans désinfection préalable ».
Cela étant, la note de la Mission économique française à Casablanca précise et confirme que « cette industrie dispose d'un potentiel non négligeable», comme le laissent entrevoir certains indicateurs. Il s'agit notamment d'un changement dans le mode de consommation, d'une demande croissante en terme de qualité des emballages, émanant des fabricants de produits de grande consommation (Procter & Gamble, Unilever, Danone) même s'ils font encore appel aux importations pour certains emballages, et du recyclage comme solution d'avenir.
Pour le changement dans le mode de consommation, «bien que ne représentant pas plus de 10% du commerce de détail, la grande distribution (Marjane, Acima, Label'Vie, Kitéa…) a pris en 10 ans une place considérable dans les circuits de distribution, modifiant les circuits logistiques et favorisant l'augmentation de la consommation d'emballages».
Par ailleurs, cette industrie reste dominée par l'emballage du papier/carton, avec 56% du marché, «quoique le poids du plastique (19%) semble être sous-estimé, le marché informel n'étant pas pris en compte».
A l'exception des emballages en plastique, avec entre 250 et 350 entreprises, dont plus de 30% environ opèrent dans l'informel, ce secteur est «plutôt concentré». En effet, selon les auteurs de ce rapport, «trois groupes produisent la totalité du carton ondulé marocain, trois autres contrôlent 95% du marché de la boîte métallique, un seul détient le monopole de la fabrication des bouteilles et gobelets en verre, un autre, enfin, celui des emballages composés à base d'aluminium».
Le changement de cette configuration du secteur n'est pas pour demain, puisqu'il «bénéficie d'un marché relativement captif et encore protégé pour quelques années par des droits de douane conséquents», (de l'ordre de 35% aujourd'hui, ceux-ci ne seront ramenés à 0% qu'en 2012 pour les produits originaires de l'UE).
En outre, à cause de l'étroitesse du marché local, ce secteur est tourné vers l'extérieur et dépend donc étroitement des résultats de la production marocaine destinée à l'exportation et des exigences des clients finaux, essentiellement sur le marché européen. Ainsi, il se caractérise par «son caractère dualiste avec, d'une part, les petites entreprises artisanales répondant à la demande locale exclusivement et, d'autre part, les grandes sociétés, modernes et tournées vers des clients exportateurs».
Par contre, «du fait du caractère encombrant des emballages, des coûts de transport et de la faible valeur ajoutée de ces produits, ce secteur est traditionnellement peu importateur», ajoute la note sectorielle qui nuance ensuite son propos en précisant que depuis l'année 2002, on observe une forte augmentation quasi générale sur les différents types d'emballages. Le principal fournisseur étranger du Maroc est l'Espagne.
Pour sortir de cette situation de sous-développement, le secteur de l'emballage pourra mettre à profit, entre autres, les accords de libre-échange conclus par le Royaume.
Ainsi, «même si leurs effets sont encore limités et certains industriels y voient une menace pour leur secteur, ces accords auront un impact sur le secteur de l'emballage, puisque la baisse progressive des droits de douane qui s'ensuit constitue un facteur double de dynamisation de la filière.
Elle permettra, d'une part une augmentation de la compétitivité par une baisse des coûts des matières premières importées, et d'autre part, une réorganisation et une «mise à niveau» obligatoire du secteur marocain de l'emballage, conclut-on.