Matières premières recyclées : ça eut payé…
Mais ça ne paie plus. En l’espace de trois mois, le prix de certaines matières aurait été divisé par 3, voire par 5, ce qui les ramène aux niveaux les plus bas enregistrés ces dernières années, quand ce n’est pas à valeur nulle ! Pire encore, les ventes auraient totalement cessé dans certains secteurs du jour au lendemain...
Toutes dans le même bateau : l’effondrement des cours a touché aussi bien les matières premières vierges que les matières premières recyclées. L'égalité de traitement est de mise, et, pour une fois, c'est pas de chance. En quelques semaines à peine, c'est le plongeon, la descente aux enfers, LA crise. Et la crise, frappe les recycleurs avec une brutalité et une rapidité sans précédent. Certains sont peut être même en train de se mordre les doigts d'avoir acheté très récemment et à prix d'or des entreprises de recyclage... En quelques semaines à peine, en effet, les prix de certaines matières ont dévissé la pente dans des proportions vertigineuses (voir Matières premières recyclées : les marchés ont une mine de papier mâché), puisqu'il a été divisé par 3 voire par 5, quand ce n’est pas à valeur nulle ! Pire encore, les ventes ont totalement cessé dans certains secteurs du jour au lendemain. Qu'on se rassure toutefois : si rien ne va plus, on ne dénombre aucun suicide ; 1929 est loin...
Tout fout le camp ma pauv' dame!!!
On ne respecte même plus les contrats! Au plus fort de la désorganisation des marchés, certaines usines consommatrices de ces matières premières recyclées ont, en effet, unilatéralement rompu des contrats d’approvisionnement et des commandes passés en bonne et due forme. C'est ti pas une honte pour les entreprises du recyclage qui se sont évidemment retrouvées dans le bouillon? Il s'agit bien là d'une atteinte portée aux règles élémentaires des relations commerciales, jugée intolérable par les professionnels du secteur. D'ailleurs, le Bureau International du Recyclage a vigoureusement dénoncé ces pratiques dans une communication récente à l’OMC.
L'heure est particulièrement grave parce qu'à la différence d’autres secteurs de production de matières premières, il est quasiment impossible d’arrêter la collecte des flux de déchets recyclables. Lorsque les ventes cessent, les stocks gonflent rapidement sur les plateformes de traitement, ce qui est déjà le cas actuellement. Ces sites de recyclage, Installations Classées pour la Protection de l’Environnement sont fortement encadrés et risquent d’être très vite saturés dans leur capacité de stockage actuelle.
« Les producteurs de déchets (industries, collectivités locales…) ont du mal à saisir l’ampleur et la rapidité de ce problème, en particulier cet effondrement rapide et sans précédent des prix. Un effort de communication mutuel et de compréhension réciproque est indispensable pour sortir de cette situation et permettre, au moins, une couverture des coûts de fonctionnement des entreprises concernées », affirme Claude Platier, directeur de la commuication de Federec.
N’en doutons pas, le cyclone fera des victimes, en particulier dans les entreprises où les difficultés de trésorerie commencent à poindre.
A quand le calme après cette tempête ?
« On a néanmoins du mal à imaginer que la crise financière qui s’est abattue sur la planète peut durablement stopper la consommation et la production industrielle mondiale. Même ralentie, la croissance des pays émergents se traduira inévitablement par un besoin en matières premières. Or les Matières Premières Recyclées constituent 50 % des matières premières utilisées par les industries de transformation. Une fois la machine économique remise en route, on peut raisonnablement espérer que nous seront au premier rang pour bénéficier de la moindre reprise », ajoute Igor Bilimoff, directeur général de la fédération des entreprises du recycage.
A l’heure où les Etats mettent en oeuvre des plans de protection de leurs industries stratégiques (automobile, BTP..) il apparaît indispensable que « les industries de production de Matières Premières Recyclées ne soient pas oubliées. Il y a quelques mois encore, on semblait apprécier leur fantastique potentiel en matière de création d’emplois non délocalisables, de croissance des investissements et de bénéfice environnemental (économies d’énergie).
Il est impératif de soutenir notre secteur à traverser la crise en particulier, en aidant les entreprises de recyclage :
à obtenir le respect des contrats commerciaux
à maintenir les emplois
à disposer d’une trésorerie suffisante pour poursuivre leurs activités
en leur permettant d’accéder à des prêts pour mettre en oeuvre les investissements programmés antérieurement
Il faudra également comprendre et tolérer qu’en l’absence de ventes, ces entreprises de recyclage constituent des stocks de matières qui seront utiles et consommés par l’industrie française, européenne et mondiale le moment (re)venu.
La Société du Recyclage souhaitée par le Grenelle de l’Environnement et réaffirmée par l’Union Européenne sera sûrement à ce prix».