Métaux de base : sombres perspectives...
Les cours du cuivre ont beau avoir rebondi aux environs de 10% aujourd'hui pour atteindre au comptant 5 554 usd/tonne au LME suivant en cela l'évolution des bourses mondiales, la baisse de la croissance est inévitable et est en train de se répercuter sur les économies réelles. Du coup, la consommation des métaux ne peut que baisser et les cours aussi...
Déjà, les prévisions concernant la croissance dans les pays industrialisés se détériorent et l'on parle de risque récession. Ce qui ne peut qu'être défavorale à l'évolution des cours des métaux. Mais, si jamais le moteur de l'économie chinoise ralentissait, on risquerait bien de connaître une longue période bien plus difficile...
Or, actuellement, en Chine le secteur de l'immobilier est aussi en train de traverser une conjoncture délicate. La spéculation n'a pas épargné les grandes villes chinoises et après une expansion frénétique en 2007, le marché est désormais en chute. Selon notre confrère du Monde, "dans plusieurs villes côtières, notamment Guangzhou, et Shanghaï, de gros promoteurs de projets commerciaux tentent d'obtenir des municipalités qu'elles reprennent, et remboursent des lots fonciers obtenus à prix d'or". Le magazine Caijing en dresse la liste, citant le cas du groupe de distribution Sunning à Shanghaï, ou de Capital Land à Suzhou.
" C'est dans ces villes que l'impact de la crise financière mondiale commence à se faire sentir, puisqu'elles attiraient aussi les investisseurs étrangers : selon la presse de Hongkong, le fonds américain Blackstone aurait abandonné le rachat pour 1,1 milliard de yuans d'un grand complexe commercial de Shanghaï. Tout cela, prévient Caijing, risque de peser sur les finances des villes : celles-ci ont en grande partie financé leur développement grâce aux produits mirobolants des ventes de terrains."
Les cours des métaux de base ont plongé mais malgré la forte baisse, "ce n'est pas le moment de jouer les héros", en se mettant à racheter, a estimé David Abramson, du cabinet BCA. Selon lui, les prix de l'aluminium devraient ainsi continuer à descendre pour atteindre un plancher au premier trimestre 2009.
Pour le cuivre, aucune éclaircie n'est pas à attendre avant 2010, a estimé de son côté l'analyste Robin Bahr, de la banque Calyon.
"Le prix du nickel pourrait descendre plus profondément sous les coûts marginaux", a ajouté Gayle Berry, analyste chez Barclays Capital. Le "plus petit perdant" sera probablement l'étain, estime-t-elle.
Le cuivre devrait afficher un surplus de 100'000 tonnes en 2009, selon Robin Bahr. L'aluminium enregistrera trois années d'excédent massif, prédit Michael Jansen, de la banque JP Morgan.
"La Chine a contribué à 90% à la croissance de la demande de cuivre", a ainsi rappelé Robin Bahr, soulignant que, sans elle, "la demande mondiale serait à la peine". Quant à l'Inde, elle pourrait devenir un débouché important pour les métaux, mais pas avant l'année 2011, selon M. Abramson.
Pour ces analystes, employés pour la plupart par les banques, les spéculateurs n'auraient joué qu'une part minime dans l'envolée des prix ces derniers années.