Métaux : le recyclage des batteries lithium-ion se met en place
La société japonaise Nippon Mining & Metals a annoncé qu'elle allait construire une usine pilote entièrement dédiée au recyclage des cathodes des batteries lithium-ion. L'usine devrait pouvoir démarrer une activité commerciale en 2011. Elle permettra de récupérer des métaux précieux tels que le cobalt, le nickel, le lithium et le manganèse...
Les batteries au lithium présentent une densité massique d'énergie (quantité d'énergie par unité de masse) supérieure à celle des autres technologies telles que le nickel-cadmium ou le nickel-métal-hydrure. Leur emploi s'est donc largement répandu dans le secteur de l'électronique portable (téléphones, ordinateurs) désireux de fournir des appareils toujours plus performants, pour un poids et un volume réduits. Les constructeurs automobiles se montrent également très intéressés pas cette technologie pour leurs véhicules électriques ou hybrides. Le lithium a par ailleurs d'autres applications industrielles : il entre notamment dans la composition de certains verres isolants.
Même si le lithium est très répandu dans le monde, les zones où il est économiquement exploitable sont inégalement réparties (près de 70% des réserves mondiales sont situées en Amérique du Sud). Or, avec la volonté forte du gouvernement japonais d'électrifier le parc automobile du pays, il va devenir une matière première clef de l'industrie nippone. Actuellement, 70% du lithium utilisé au Japon est importé du Chili (premier producteur mondial). Pour assurer la stabilité de ses importations, le pays cherche à diversifier ses fournisseurs. Ainsi, la compagnie Mitsui & Co. a acquis en juillet 2009 le droit de vente exclusif d'une usine de lithium en construction au Québec, qui fournira 2 000 tonnes par an (80% des besoins actuels du Japon) à partir de 2013. Les compagnies Mitsubishi et Sumitomo sont quant à elles en discussion avec la Bolivie (50% des réserves mondiales) pour exploiter le lithium présent dans le Salar d'Uyuni, plus grand désert de sel au monde. Elles sont cependant en concurrence avec le français Bolloré et le sud-coréen LG.
Avec l'engouement des constructeurs automobiles pour les batteries au lithium, le cours du métal est passé de 350 dollars la tonne en 2003 à 3 000 dollars la tonne en 2008. Le Japon voit donc dans le recyclage une alternative à son importation de plus en plus chère. La construction de cette usine pilote s'inscrit dans le cadre d'un projet dirigé par le METI (Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie japonais) intitulé "Développement des technologies de recyclage des métaux rares issus des batteries lithium-ion". Le Ministère avait lancé un appel à candidatures entre le 30 juillet et le 20 août de cette année ; il n'a finalement retenu que celle de Nippon Mining & Metals.
Au final, l'usine sera construite dans la ville de Tsuruga (département de Fukui), par Nikko Tsuruga Recycle, filiale de Nippon Mining & Metals, en collaboration avec les universités de Nagoya et de Waseda. A terme, elle devrait pouvoir produire mensuellement 6 tonnes de nickel, 10 tonnes de cobalt, 6 tonnes de manganèse et 10 tonnes de carbonate de lithium. La compagnie prévoit également d'augmenter sa production de cathodes pour batteries lithium-ion pour automobiles dans son usine d'Isohara (département d'Ibaraki, à l'est de Tokyo) et utiliser les matériaux ainsi recyclés.
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