Métaux non ferreux : les volumes se tassent, les vols s'envolent

Le 23/06/2014 à 16:16  

Métaux non ferreux : les volumes se tassent, les vols s'envolent

Patrick Kornberg Trois sources alimentent le recyclage des métaux non ferreux : la démolition, la collecte, les rebuts de fabrication. Il n’en demeure pas moins que le chiffre d'affaires du secteur a perdu 12 points en 2013 ; il n’échappe pas à la crise. Etant entendu qu’un point noir gangrène les entreprises de recyclage, à savoir les vols ; 31% en sont victimes, le butin moyen étant estimé à 10 000 euros. Patrick Kornberg, vice-président de la fédération et président de Federec métaux non ferreux a récemment fait un point d’étape…

Le 13 juin, Jean-Philippe Carpentier, président de Federec présentait son dernier livre blanc avec des propositions concrètes afin de tirer les métiers du recyclage vers le haut (voir Federec : ce n'est pas le moment de flancher, au contraire!). Ce fut l’occasion, aussi, de proposer un focus sur les métaux, lequel était présenté par Patrick Kornberg, qui préside Federec métaux non ferreux…

 Les prix des métaux non ferreux recyclés ont quelque peu souffert en 2013 (via une baisse des volumes, liée à une certaine raréfaction des matières à récupérer); aussi, le chiffre d'affaires du secteur s’en est ressenti en perdant 12 points par rapport à 2012, Patrick Kornberg indiquant que les volumes collectés puis négociés l’an dernier, ont été de l’ordre de 1,8 million de tonnes, l’aluminium pesant 29% du total, suivi par les inoxydables et alliages d'inoxydables (17%), le plomb et batteries en plomb (12%), le cuivre (11%, le zinc (5%), les autres métaux non ferreux correspondant à 23% du total collecté et commercialisé. Et d'ajouter que la situation étant ce qu'elle est, la concurrence est d'autant plus âpre, tandis que les marges des entreprises sont rognées d'importance... étant entendu que les cours des métaux ont été assez bas sur l'ensemble de l'année 2013 (sauf pour le plomb).

 A la suite de quoi, il était question des prélèvements voyoucratiques au sein des entreprises, Patrick Kornberg indiquant qu’on est clairement passé des vols simples, à ceux orchestrés par des bandes organisées, ayant des ramifications dans les pays de l’Est, voire par des réseaux mafieux pratiquant la délinquance avec violences. 31% des entreprises dédiées au recyclage auraient été victimes de ces vols de métaux l’an dernier, « à raison de 2,6 vols par entreprise en moyenne, avec un butin de l’ordre de 10 000 en moyenne par vol », poursuit le président Kornberg : « le dommage est de l’ordre de 40 millions d’euros par an, pour la seule Sncf » entre le fruit des vols, les remboursements des usagers et les réparations qui s'imposent … Toujours est-il que Federec et Sncf font 'affiche commune', afin de sensibiliser les professionnels et inciter à beaucoup de vigilance avant d'acheter les métaux... Peut-être verrons-nous naitre un partenariat du même type avec France Telecom, victime de vols répétés, elle aussi...

métaux de récupération Car le problème a tendance à s'amplifier! L’OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante) a en effet établi des comptages : 13 900 vols et tentatives de vol de métaux recensés en 2013, contre 11 8611 année précédente, soit une augmentation de 17 %.Autant dire que les voleurs ne baissent pas les armes… D’où la nécessité de mieux organiser le combat contre ces malveillances… Dans ce contexte complexe, Federec a peu à peu tissé des liens avec la police nationale et européenne (Europol), mais aussi avec l'OCLDI, dans le cadre du projet européen EMPACT (European Multidisciplinary Approach about Criminal Threats), visant notamment à lutter contre les vols de métaux : cette politique offensive a donné lieu à de vastes opérations de contrôle dans le Nord, l'Est de la France mais aussi en Belgique et au Luxembourg.

A l'intérieur de nos frontières, depuis qu'il a été décidé de signer un protocole avec le ministère de l'Intérieur (2008) visant à mettre sur pied des réseaux d'alerte entre les forces de l'ordre et les entreprises de recyclage, lequel se devait d'être décliné à l'échelle des territoires, afin de limiter la casse et les casses... Patrick Kornberg annonce 72 signatures entre Federec et les préfectures, auxquelles s'ajoutent 8 signatures en cours : des conventions ont donc été passées dans la quasi totalité des départements... Il reste que l'achat de ces métaux volés, le plus souvent en espèces, dans les pays limitrophes du nôtre et ceux effectués par les sites illégaux restent monnaie courante... D'où l'impérieuse nécessité de lutter contre l'activité de ces chantiers ne respectant pas les lois auxquelles ils devraient être assujettis !