Métaux volés : le « Gang des Lyonnais » est démantelé

Le 03/02/2014 à 9:31  

Métauvoleurx volés : le « Gang des Lyonnais » est démantelé

 La Fédération des entreprises du recyclage est ravie. Un réseau de vol de métaux et de blanchiment d'argent, estimé à au moins deux millions d'euros, tirés de la vente de cuivre et de ferraille, a récemment été démantelé dans les environs de Lyon. Il implique un professionnel de la ferraille, deux familles d'Europe de l'Est et des Roms ; au total, 22 mises en examen. On pense que cette somme pourrait être inférieure à la réalité : l'entreprise mise en cause avait pour habitude en effet, d'acheter des métaux volés à des Roms, et ce, en dessous de leur valeur, pour les revendre au prix du marché. C'est ce qu'a déclaré le lieutenant-colonel Joël Dromard qui dirige la compagnie de gendarmerie de Lyon...

 Dans le cadre des arrestations et autres perquisitions qui ont  été orchestrées par la gendarmerie nationale au terme d'une enquête consacrée à un important trafic de métaux volés, avec blanchiment d'argent, les enquêteurs ont saisi, dans les locaux de la société de recyclage de métaux impliquée, ainsi qu'aux domiciles du dirigeant et de ses collaborateurs, 360 000 € en liquide, plus 650 000 € sur des comptes bancaires, ainsi que quatre voitures de luxe. D'autres biens seront peut-être prochainement saisis, après les vérifications qui s'imposent...

La traque commence début 2013, à cause de plusieurs vols de métaux constatés sur les voies du tronçon TGV Lyon-Paris dans le Val de Saône. Peu à peu, les enquêteurs de la brigade de recherches de Lyon remontent jusqu'à l'entreprise Recyclage des Métaux (RDM), implantée au port Edouard-Herriot à Lyon. De là, les gendarmes épluchent les registres de l'entreprise : ils constatent que de nombreux Roms et Roumains viennent y vendre, de manière régulière, des métaux. Certains jours, ce sont entre trente et quarante Roms qui font la queue pour fourguer la marchandise... De quoi donner le puce à l'oreille. De fil en aiguille, les constats sont établis et la filière est peu à peu cernée. Les Roms n'ayant pas de comptes bancaires, ils se font payer par des blanchisseurs (deux familles, l'une macédonienne et l'autre roumaine), installés à proximité de RDM.
Tout s'éclaircit : «les membres de ces deux familles, détentrices de comptes bancaires, prêtent alors leur nom pour l'ordre du chèque, moyennant une commission allant de 15 à 20%. Le vendeur de métaux retourne ensuite dans l'entreprise, se voit remettre un chèque à l'ordre du blanchisseur, qui lui donne du liquide en échange", expliquent une source prroche de l'enquête.

A l'été 2013, le parquet de Lyon ouvre une information judiciaire pour blanchiment et recel de vol en bande organisée. A la mi-octobre, une première vague d'interpellations vise la famille macédonienne, où 40 000 € en liquide et une voiture sont saisis. Une deuxième opération, mi-novembre, aboutit à l'interpellation de quatre membres de la famille roumaine, puis une troisième vague début décembre concerne le reste de cette famille.
Lundi enfin, le PDG, l'administratrice, le contremaître et deux employés de l'entreprise sont interpellés sur le site. Un gros dispositif de gendarmerie a été mobilisé.
Les enquêteurs ont découvert que le PDG menait grand train, utilisant l'argent de la société pour ses besoins personnels, alors que RDM avait été placé en redressement judiciaire il y a plusieurs années. Les employés voyaient eux leur salaires augmenter considérablement chaque année.
Après leur garde à vue et leurs mises en examens, notamment pour abus de biens sociaux, recel de vol, blanchiment, et complicité, tous les suspects ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire. «C'est un dossier hors norme et il y a eu un très bon travail des enquêteurs», s'est félicité vendredi le lieutenant-colonel Dromard.

Il ne faudra pas longtemps à Federec pour se féliciter publiquement du démantèlement, il y a une dizaine de jours, de ce réseau lyonnais par les forces de police et de gendarmerie lyonnaises.
« Ce trafic de métaux qui sévit depuis de nombreuses années est un véritable fléau pour les sociétés de recyclage qui en sont les victimes physiques et économiques. À cet égard, il faut rappeler que tous les sites des entreprises du recyclage adhérentes à Federec sont déclarés ICPE ; cette déclaration ICPE permet d’encadrer une industrie du recyclage respectueuse du cadre législatif et réglementaire », rappelle la Fédération des entreprises du recyclage, dans un communiqué.
La Fédération avait également appuyé en juin 2013 l’action de contrôle dans le Nord et l’Est de la France, en Belgique et au Luxembourg menée par l’Office Central de Lutte contre la Délinquance Itinérante et déployée en lien avec les services de gendarmerie et de police des régions Nord et Lorraine.
Federec rappelle avoir instauré un dialogue permanent avec les partenaires publics : l’Office Central de Lutte contre la Délinquance Itinérante (OCLDI), l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP), le Ministère de l’Intérieur et les préfectures.
Par ailleurs, un protocole national entre le Ministère de l’Intérieur et la Fédération a été signé en 2008. À ce jour, celuici a été décliné dans 71 départements.
En outre, l'organe fédérateur rappelle mener une action de mobilisation auprès de ses adhérents, à la faveur des actions suivantes :
la déclaration au fisc de la liste des fournisseurs des sociétés, mentionnant les montants payés annuellement,
l’interdiction de payer en espèces les achats au détail des métaux ferreux et non‐ferreux, entrée en vigueur en août 2011,
la rédaction pour ses adhérents d’un guide pratique de lutte contre les sites illégaux.
La Fédération déclare être déterminée à poursuivre ses actions pour renforcer sa collaboration avec les pouvoirs publics afin de créer une harmonisation des législations européennes qui permettrait de sécuriser la provenance des matières, et, de facto, éradiquer les sites illégaux.