Depuis plusieurs années, la production de déchets et d’effluents organiques n’a cessé de croître en France. Ces produits et leur gestion représentent une source de nuisances pour l’homme et son environnement mais aussi, de manière paradoxale, une ressource renouvelable potentielle dont il convient de tirer parti dans l’objectif de réduire son impact sur l’environnement, d’anticiper les évolutions réglementaires et de valoriser son potentiel énergétique et donc économique. C’est dans ce contexte que s'est développée la méthanisation agricole…
Pour les non-initiés, la méthanisation est un procédé biologique de dégradation de la matière organique dans un milieu clos et en anaérobie (absence dʼoxygène) ; elle permet la production dʼune énergie renouvelable (EnR), le biogaz, et dʼun engrais, le digestat. Pour les agriculteurs, ce procédé biologique produit notamment une alternative intéressante aux engrais chimiques : la phase liquide du digestat nourrit les plantes, sa phase solide enrichit le sol en matière organique.
Selon l’Ademe, la rentabilité économique des installations est "satisfaisante", avec 330 méthaniseurs en fonctionnement en France au 1er janvier 2017, l’objectif étant porté à 1.000 à l’horizon 2020 (voir notre dépêche). De fortes ambitions, portées par l’adhésion suscitée par le biogaz dans le secteur agricole :
une double valorisation de la matière organique et de l’énergie (c’est l’intérêt spécifique à la méthanisation, par rapport aux autres filières) ;
une diminution de la quantité de déchets organiques à traiter par d’autres filières ;
Si la méthanisation agricole apporte des avantages économiques et environnementaux aux agriculteurs, elle comporte néanmoins quelques points à améliorer. A ce sujet, l’Ademe a publié les résultats d’une étude qu’elle a menée sur un panel de 80 installations de méthanisation en novembre 2016. Elle met en évidence l’importance des aides des pouvoirs publics à la concrétisation des projets qui nécessitent de lourds investissements (de l’ordre de 300.000 à 15 millions d’euros). L’Agence recommande donc que les dispositifs de soutien public soient les plus stables possible, afin d’assurer une visibilité optimale aux porteurs de projet ainsi qu’aux financeurs. Cette participation publique s’élève actuellement en France à près de 300 millions d’euros par an sous forme de subventions à l’investissement et de bonification des tarifs d’achat.
S’ajoute aux difficultés financières de création d’unité de méthanisation : la complexité et la longueur des procédures administratives (entre 3 à 5 ans en moyenne), ainsi que les difficultés techniques car les procédés diffèrent selon les matières utilisées pour la production de biogaz (la méthanisation agricole et/ou industrielle nécessitent des technologies et températures spécifiques suivant les types d’intrants).
Cet article est à lire en complément de notre dépêche de mars 2017 : La méthanisation, une priorité de la transition énergétique.