Méthanisation : une piste à explorer pour rouler vers de nouveaux débouchés
Cette double récompense honore une innovation, fruit d’un an de recherche & développement : l‘unité AgriGNV® permet de transformer le biogaz des méthaniseurs – notamment agricoles – en bioGNV. Dans ce cas de figure, les agriculteurs peuvent substituer le carburant fossile par ce biocarburant, pour faire fonctionner une flotte de véhicules ou de tracteurs et rendre leurs fermes autonomes via un système d’économie circulaire. La transformation de seulement 3 m3/h de biogaz en bioGNV permet de parcourir environ 200 000 km par an. Ayant déposé deux brevets pour cette innovation, l’objectif de Prodéval (et de son burezau d'études CEFT) qui emploie 38 personnes, est de participer activement au développement de la filière bioGNV en milieu agricole, une des voies de déploiement prônée par l’Association Technique Energie Environnement (ATEE).
Avec son système de démarrage et arrêt automatiques de l’unité au remplissage du réservoir du véhicule et de contrôle continu de conformité du BioGNV produit (respect de la norme ISO NF EN 15403), cette solution est compatible aussi, avec les petites unités de méthanisation. De fait, le concept est adaptable à toute unité en fonctionnement : un épurateur est installé à quelques mètres des cuves, pour que la teneur en CH4 du biogaz passe de 50-60 à 98 %, une « station service » étant par ailleurs raccordée à cet épurateur.
Destinée aux producteurs de biogaz (méthanisations agricoles, industrielles ou territoriales), l'unité permet de valoriser in situ ou localement une partie de la production de biogaz, pour alimenter une flotte captive de véhicules (VL, engins agricoles...) en substitution aux carburants d’origine fossile.
Pour l'heure, du fait de la réglementation en vigueur, pas de commercialisation possible de ce carburant ; la production doit être auto-consommée, d'où la nécessité de bien évaluer le besoin en combustible du porteur de projet (afin de gérer au mieux le débit, comme le stockage du biogaz généré par le méthaniseur).
Chez Prodéval, on croise les doigts : on espère que la réussite de l'unité pilote, située sur une exploitation agricole de Haute-Marne (dont le propriétaire a indiqué disposer de 350 km d'autonomie en biogaz), et la médaille d'or remportée lors du dernier salon Biogaz Europe de Rennes, déboucheront bien vite sur un cercle vertueux, même si on ne part pas de rien : environ 15 000 véhicules (ce qui comprend les flottes des collectivités), sont équipés pour rouler au biogaz. Un kit coûtant 2 500 €, subventionné à 50 %, permet d'adapter les véhicules à essence. La carburation est double : biogaz et essence. Faire rouler un véhicule uniquement au biogaz est possible, mais concrètement compliqué, car seule une trentaine de stations en proposent à la pompe en France.