Mise en cause pour sa gestion des déchets, Paris réagit...
Cette semaine, un rapport de la CRC (Chambre Régionale des Comptes) d'Ile-de-France a épinglé la gestion des déchets à Paris, notamment pour l'absentéisme des éboueurs et les difficultés de la Ville à connaître le coût de la collecte. La mairie de Paris n'a pas tardé à réagir, qualifiant ce rapport d'"erroné" : "En l’état, ce document n’a aucune validité puisque la Ville de Paris a déposé auprès de la CRC, sur plusieurs points, un recours en rectification en erreur matérielle, accepté par la Chambre", précise-t-elle...
Point très positif : ce document relève le niveau exceptionnel de service dont bénéficient les Parisiens, tant sur la fréquence que la régularité et la qualité du ramassage des poubelles. Dans son rapport, qui couvre la période 2004-2008 et transmis en décembre dernier au maire de Paris Bertrand Delanoë, la Chambre indique en effet que "la fréquence du service est remarquable et n'a pas d'équivalent dans les autres grandes villes françaises". Parmi les points critiques, elle souligne toutefois que la DPE (Direction de la Propreté et de l'Eau) de la ville "a le taux d'absences (congés maladie, accidents du travail et absences injustifiées) le plus élevé de toute l'administration parisienne". La CRC relève aussi que "ni les documents comptables ni les travaux du service de contrôle de la DPE ne parviennent à retracer de manière fiable et exhaustive les charges supportées par la ville" pour la collecte et l'élimination des déchets.
"Faut-il encore s’interroger sur les motivations de l’exploitation d’un rapport provisoire faisant l’objet de contestation quant à la véracité même des données qu’il contient ? Comment ne pas s’étonner que les éléments de réponse de la Ville, qui éclairent la CRC sur les mesures prises depuis 2008 et les résultats obtenus sur certains points, soient totalement occultés ?", s'interroge la mairie de Paris dans un communiqué. Celle-ci conteste ainsi nombre de données chiffrées du rapport. Tout d'abord, selon elle, l’absentéisme des éboueurs a été globalement stabilisé en 2009 et en 2010 ; il est en nette diminution dans plusieurs arrondissements. De plus, les délais de saisine du Conseil de discipline sont passés de 592 jours en 2008 à 282 en 2010.
Autre point : le ratio de tonnes collectées par agent entre régie municipale et entreprises privées ne tiendrait aucun compte du ramassage d’un million d’encombrants chaque année assuré en régie dans les 20 arrondissements, qui relève d’une collecte "sur mesure", sur rendez-vous ou en recherche aléatoire, et qui mobilise naturellement des moyens supérieurs ; l’écart est de l’ordre de 15%, correspondant aux conditions de travail plus avantageuses des agents de la Ville. Enfin, toujours selon la mairie de Paris, les coûts évoqués ne tiennent pas compte des coûts de traitement des déchets, de 120 millions d'euros en 2009, soit avec la collecte 391 millions d'euros pour un produit de TEOM (Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères) de 377 millions d'euros... "Les recettes ne sont de fait équilibrées que grâce à la collecte sélective (papier, plastique, verre), mise en oeuvre depuis 2001", explique-t-elle.
"La Municipalité attend sereinement l’envoi par la Chambre Régionale des Comptes du rapport définitif qui sera normalement examiné par le Conseil de Paris. Elle continuera de défendre et moderniser le service public municipal, injustement attaqué par cette grossière manipulation des chiffres", conclut la mairie dans son communiqué. Contacté par l'AFP, le Président de la CRC IdF Jean-Yves Bertucci a affirmé que "ce n'est pas un rapport provisoire", comme l'écrit la Ville dans son communiqué, mais "bien d'un rapport d'observations définitives [...] qui peut encore connaître des modifications pour des corrections d'erreurs matérielles". Il a souligné que "personne n'est à l'abri d'une erreur" et qu'"à ce stade la collectivité peut apporter une réponse". Affaire à suivre...