Naples : Impregilo rattrapée par la justice italienne
Depuis plusieurs années la gestion des déchets ménagers est en crise à Naples et dans sa région. Celle-ci a atteint une situation d'urgence sanitaire avec la saturation des décharges et l'accumulation des ordures au mois de mai dernier (voir notre ancien article ). Par ailleurs, la Camorra est impliquée de longue date dans le trafic des déchets (voir notre ancien article). Selon l'association italienne Legambiente le chiffre d'affaires annuel de ce trafic est d'environ 2,5 milliards d'euros. Ultime rebondissement, en cette période estivale, l'implication du principal groupe italien de BTP , Impregilo, dont l'action se négocie à la bourse italienne. En effet, la justice italienne vient d'ordonner un séquestre de 750 millions d'euros à son encontre pour "fautes aggravées" de ses filiales attributaires des appels d'offres de la gestion des déchets ménagers en Campanie...
Suite à l'enquête sur la gestion des ordures ménagères qui dure depuis plusieurs années, le parquet de Naples a décidé d'imposer une saisie de 750 millions d'euros au groupe Impregilo en tant que responsable des agissements de ses filiales Fisia Italimpianti, Fibe e Fibe Campania. Déjà 90 millions d'euros ont été saisis sur les comptes bancaires de la société. La justice reprocherait à ces sociétés des " fraudes aggravées", l'absence d'investissement, de réalisation d'engagements, notamment une unité de valorisation énergétique, non respect contractuel, qui ont entraîné la situation de crise, l'impossibilité de stockage et de traitement de déchets ménagers. Elle leur interdit aussi de répondre aux nouveaux appels d'offres
Du coup, le groupe de btp est en situation financière délicate et son action malmenée en bourse. Depuis le début du mois d'août, son conseil d'administration s'est réuni à plusieurs reprises. Ce dernier a mandaté Mediobanca pour trouver la meilleure solution de financement voire d'association, cession, développement de cette branche. En effet, les dirigeants d'Impregilo insistent sur la place marginale qu'occupe la gestion des déchets au sein de l'activité du groupe. Ils précisent qu'elle a été clairement séparée sur le plan comptable au sein du dernier bilan pour l'année 2006. Cette activité n'étant pas stratégique, la condamnation de ne pas pouvoir répondre aux nouveaux appels d'offres est sans grande conséquence économique pour le groupe, estiment-ils. Pendant ce temps, les autres branches fonctionnent normalement. Finalement, le conseil d'administration se dit aussi déterminé à aller devant la Cour de Cassation.