Naples : vers une fin de crise des déchets?
La bras de fer qui sévit depuis près de deux semaines entre les habitants et les forces de l'ordre à Terzigno semble ne pas vouloir s'arrêter. On vous en parlait déjà au début du mois (Décharge : les habitants de Pompéi s'enflamment), la crise des déchets en Italie s'étire en longueur. Le chef du gouvernement a donc décidé de prendre les choses en main et a déclaré à la presse "D'ici trois jours, à Naples, il n'y aura plus d'ordures". Il était alors en train de visiter un incinérateur à Acerra, le seul de la région, qui a été mis en service en 2009. Il a ajouté que le problème des odeurs serait aussi réglé dans un délai de 3 à 4 jours. Pendant toute la durée du conflit, les habitants ont du faire face à l'amoncellement des ordures, mais aussi supporter l'odeur pestilentielle qui s'en dégageait. A Naples aussi le ramassage des ordures a été fortement perturbé, ce qui engendre des problèmes sanitaires et écologiques.
Terzigno, commune de la province de Naples de plus de 16 000 habitants est le théâtre du fort mécontentement de la population. Dimanche 24 octobre par exemple, des milliers de personnes avaient défilé pacifiquement près de la ville pour réclamer la fermeture de la décharge à ciel ouvert déjà existante (qui ne semble pas être aux normes environnementales), mais aussi contre l'ouverture d'une seconde décharge qui sera située au cœur du parc national du Vésuve. Le projet va donc être gelé dans l'attente d'analyses visant à vérifier si le niveau de pollution des quatres communes proches était dangereux pour la santé publique. M. Berlusconi l'a annoncé à Acerra : "Pour ce qui concerne Cava Vitiello, toute décision est suspendue sine die". En attendant aucune alternative à la présence des décharges sur la commune n'a été annoncée.
Silvio Berlusconi a fait cette annonce aux côtés du chef de la protection civile, Guido Bertolaso, qui était chargé de trouver un compromis avec les maires des communes proches de Terzigno. La situation devenait de plus en plus tendue car les 23 et 24 octobre derniers, les maires de Terzigno et des localités avoisinantes avaient refusé de signer un compromis avec M. Bertolaso prévoyant un report à une date ultérieure l'ouverture d'une deuxième décharge. Ce qu'ils veulent, c'est son annulation totale, et ils expriment leurs doutes sur la qualité de cette prochaine unité en termes de santé publique et de respect de l'environnement.
"Dans dix jours, je reviendrai pour vérifier la situation et rencontrer tous les maires" a ajouté M. Berlusconi. Le chef du gouvernement ne pouvait plus laisser la situation se détériorer ainsi. Néanmoins, au lieu de s'attaquer au fond du problème, qui est lié au hold-up que la mafia napolitaine a opéré il y a plusieurs années sur le marché juteux de la gestion des déchets, les crises sont destinées à se répéter. M. Berlusconi a jugé préférable de faire la leçon aux napolitains : "Cette situation aurait pu être évité avec le tri sélectif", que seul 18% de la population pratique. La crise des déchets n'est pas terminée en Italie.