Ne tuons pas le bioplastique en France

Le 28/10/2005 à 22:44  

Ne tuons pas le bioplastique en France
Vigisac Le 11 octobre dernier nos députés ont voté à l'unanimité un amendement à la Loi d'Orientation Agricole 2006 visant à interdire les sacs et les emballages en plastique non biodégradables sur le territoire français à partir du 1er janvier 2010. En tant qu'industriel SPhere avait confirmé le réalisme de cet objectif, à condition de le limiter dans un premier temps à tous les types de sacs plastiques, pour l'appliquer plus tard à l'ensemble du secteur de l'emballage. L'entreprise avait alors salué une décision politique ambitieuse et responsable, qui faisait le choix du bioplastique et des matières respectueuses de l'environnement... Oui mais...

Né en 1976, SPhere, anciennement SP Metal, est un Groupe Français leader Européen de l'emballage ménager également présent dans le domaine de l'emballage alimentaire pour la restauration collective, le film agricole, et tout type de film utilisé par des entreprises industrielles ou de service. SPhere produit annuellement 150 000 tonnes de film plastique dont 140 000 tonnes de sacs poubelle, de sacs de caisse, de sachets congélation, et 10 000 tonnes d'autres films industriels ou agricoles. SP METAL convertit également 15 000 tonnes d'aluminium par an. En 2005, les 1 300 collaborateurs du groupe auront généré un chiffre d'affaires de l'ordre de 300 millions d'euros.

A ce jour, l'entreprise dispose de 14 unités de production : 5 en France - 1 en Espagne - 2 en Grande-Bretagne - 1 aux Pays-Bas - 1 en République Tchèque - 1 au Danemark - 2 en Italie - 1 en Allemagne Marchés : Grand Public 64% - Collectivités locales 7%- Entreprises et Services 29%

Remplacer la matière première à base de pétrole par une matière première 100% biodégradable à base d'amidons végétaux ne change rien pour les fabricants de films plastique : la fabrication de produits finis à base de matières biodégradables ne nécessite aucun investissement lourd, les équipements nécessaires à la transformation sont strictement les mêmes que ceux actuellement utilisés pour les plastiques dérivés du pétrole. Contrairement aux idées reçues, cet amendement n'entraînera pas de suppressions d'emploi dans la filière des transformateurs de plastique.

A la veille des débats au Sénat, qui porteront, entre autres, sur l'article 11 bis de la Loi d'Orientation Agricole, et au vu des différents amendements déposés à ce jour, "nous regrettons d'assister à la dénaturation du texte, vidé progressivement de sa substance et de toute ambition environnementale : les amendements présentés tendent à réduire l'obligation d'utiliser une matière biodégradable à la fabrication des sacs sortie de caisse. Or ces sacs ne représentent que 15% des sacs plastiques utilisés en France.

La dénaturation du texte initial remet par contre gravement en question le développement dans notre pays de plastiques issus de matières premières végétales renouvelables (amidons de pomme de terre, de maïs*) et va à l'encontre des ambitions de recherche et d'innovation proclamées par notre pays. Ces matières constituent pourtant des substituts écologiquement et économiquement pertinents, 100% biodégradables et sans aucun résidu nocif pour l'environnement.

Enfin, renoncer au bioplastique prive le monde agricole d'une opportunité formidable. En effet, le remplacement de la totalité de la production française de sacs plastiques augmenterait de 50% notre production actuelle de pommes de terre féculière à usage industriel, créant naturellement de l'emploi en France.

En tant qu'industriel, et devant le flou qui entoure les débats actuels nous affirmons cependant que l'arrêt sur le territoire français de toute fabrication, commercialisation ou distribution de tous types de sacs en plastique non biodégradables à l'exception des sacs destinés au conditionnement dans l'industrie, est un objectif réalisable en 2010 à condition que la France fasse le choix des matières 100% biodégradables et renouvelables.

Parce qu'il est grand temps d'agir et parce que nous pouvons techniquement répondre aux attentes des Français, nous relèverons le défi des matières biodégradables et renouvelables."