Nickel : un marché durablement déficitaire
Depuis le début de l'année les cours du nickel au LME se sont envolés, passant de 35 000 à 50 000 USD ces derniers jours. Et, pour apprécier la progression des cours sur une plus longue période, il faut se souvenir qu'il se négociait aux environs de 7 200 USD à la fin 2002. Maintenant, si les professionnels s'accordent à penser que ces niveaux de cours sont spéculatifs, extrêmement vulnérables et sensibles à une baisse de la demande, certains analystes prédisent un marché durablement tendu. Une baisse de la demande ne serait pas suffisante pour une accalmie car le problème vient du manque d'offre. Et il faudra attendre encore quelques années avant la mise en service de nouvelles unités de production...
La tension sur le marché du nickel devrait durer quinze ans, soutenue par la demande chinoise sur l'acier inoxydable, a déclaré l'analyste Jim Lennon de la banque Macquairie lors de la troisième Conférence sur le Nickel qui vient de s'achever en Nouvelle Calédonie. La prévision de Lennon est contraire à l'analyse conventionnelle qui situe les prix du nickel au milieu d'un cycle de dix ans.Les cours du nickel pourraient baisser avec une chute des prix des aciers inoxydables. Mais la demande chinoise a directement impactée le cycle de 10 ans sur les cours des métaux en l'allongeant à 20 ans selon l'analyste. Il estime que plus de 100 000 tonnes/an d'équivalent nickel pourraient être supprimées à cause d'un manque d'approvisionnement ou de prix trop élevés. Mais le marché restera étroit, et ceci malgré le développement des fontes nickélifères. Ces semi-produits qui sont apparus avec la demande des sidérurgistes chinois devraient continuer à être une source d'approvisionnement (et donc de production) à long terme. Mais surtout, il faudra attendre 2010 pour que de nouvelles ressources apparaissent avec le démarrage de capacités de production affirme Lennon. Ce dernier prévoit que la consommation globale de nickel augmente de 5,5% entre 2006 et 2011, avec une demande chinoise en hausse de 18,7%.
Du retard dans les projets miniers
En Australie, BHP Billiton a revu le coût et le calendrier de la mine de Ravensthrope. Le lancement de la production est reporté à l’année prochaine.
En Nouvelle Calédonie (un quart des réserves mondiales) on prévoit l'augmentation de la production avec les gisements de Goro au sud et de Koniambo au Nord. Le premier est contrôlé par le brésilien CVRD et le second par le groupe Xstrata. Mais, compte tenu de la hausse exponentielle des coûts, et de l'opposition virulente des écologistes, l’ouverture de l'usine de Goro pourrait être reportée. Et concernant l'exploitation du massif du Koniambo, le groupe suisse attend de connaître les facilités consenties par l'Etat français pour décider de la suite des opérations.
Le groupe minier anglo-helvétique vient d'annoncer une OPA amicale et en cash ( 4 milliards USD) sur LionOre Mining International, le dixième producteur mondial de nickel. En cas de succès, Xstrata deviendrait 3ème du secteur. Cette opération succède à la prise de contrôle du canadien Falconbridge l'an dernier. |