Nicolas Hulot : trois p’tits refus et puis, revient…
L’ancien photographe, journaliste, animateur et producteur de programmes télévisuels, puis créateur de la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme, mais par ailleurs auteur d’ouvrages et de publications, envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète (2012 – 2015) est désormais ministre d'État, de la Transition écologique et solidaire : il a été nommé ce 17 mai 2017. Le successeur de Ségolène Royal sera épaulé aux transports par Élisabeth Borne, ex-patronne de la RATP, qui a poursuivi la politique de son prédécesseur engagé dans un renouvellement des autobus diesel par des modèles électriques et au gaz.
A 62 ans, la figure française de l'écologie a accepté de prendre la tête d'un important ministère de l'Environnement au sein du gouvernement d'Edouard Philippe. Né le 30 avril 1955 à Lille, l’ancien journaliste, Nicolas Hulot, qui de longue date s’est consacré à la sauvegarde planétaire de l’environnement, Commandeur de la Légion d’honneur (2015) en reconnaissance du travail accompli en faveur de l’environnement, prend la suite de Ségolène Royal, mais au titre de la Transition écologique et de la Solidarité, et non pas seulement de l’Ecologie et de l’Environnement.
Lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Écologie, hier, Nicolas Hulot a rendu un hommage appuyé et salué le travail accompli par Ségolène Royal pendant trois ans à ce portefeuille, une ministre qu'il a qualifiée de « dame courage et de ministre exceptionnelle (…).Vous me laissez un socle d'acquis qui va peut-être rendre ma position plus confortable et j'espère protéger ce que vous avez « obtenu ». « J'ai été du côté de ceux qui exigeaient, je vais peut-être découvrir que c'est un rôle plus facile que ceux qui réalisent (…) Je sais le courage dont vous avez fait preuve, vous êtes une dame courage » (adoption de3 boxers…). « Partez avec la conviction du devoir accompli », a complété le militant écologiste, estimant qu'il n'allait pas pouvoir la remplacer car elle est « irremplaçable ».
Le nouveau président de la République aura ainsi réussi là où ses trois prédécesseurs ont échoué : Jacques Chirac en 2002, Nicolas Sarkozy en 2007 et François Hollande en 2016 ont en effet demandé à Nicolas Hulot, qui jouit d'une importante popularité auprès des Français, d'intégrer leur gouvernement, lui proposant, chacun à sa manière, un « super » ministère. Et à chaque fois, il avait refusé, craignant une image négative que cela pourrait donner de ce combat écologique qu'il souhaite « supranational » et surtout très au dessus du sempiternel clivage gauche/droite, un clivage qu'Emmanuel Macron répète à l'envi aussi vouloir dépasser. Pour autant ce n’était pas gagné d’avance : sans être hostile à Emmanuel Macron, Nicolas Hulot ne l'a pas non plus soutenu, en tout cas pas plus qu'un autre. Il avait évoqué durant la campagne du premier tour un intérêt aussi bien pour son programme que celui de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélechon en matière d'écologie, se félicitant de cette « émulation ».
A Bonn, dans les couloirs des négociations climatiques, l'arrivée au gouvernement de Nicolas Hulot a été saluée jeudi comme une « bouffée d'oxygène », signe pour certains participants de l'ambition climatique intacte de la France. Parmi les centaines de délégués réunis depuis dix jours en Allemagne, ils ne sont toutefois pas beaucoup à connaître celui dont François Hollande avait fait son « envoyé spécial pour la planète » avant la COP-21 organisée fin 2015 à Paris et qui est depuis mercredi le nouveau ministre en charge de l'environnement.
« Nicolas comment? », demande un expert américain habitué de ces tractations sous bannière onusienne. « Ce nom me dit quelque chose », dit, évasif, un directeur d'une ONG internationale. « Il a une réputation plutôt francophone », résume un négociateur européen, même si, comme envoyé spécial de François Hollande, il fit le tour de la planète, de la Pologne au Canada en passant par les Philippines.
« Je suis très contente! », se félicite pour sa part la Guadeloupéenne Yamide Dagnet, ex-négociatrice climat pour la Grande-Bretagne puis pour l'Union européenne, aujourd'hui au think tank américain WRI. Aux prochains sommets du G7 puis du G20, face à un président Trump indécis sur un maintien dans l'accord de Paris, « il faudra défendre cet enjeu diplomatique, et je pense qu'avec un ministre comme Nicolas Hulot, on pourra compter sur la France », ajoute-t-elle. « On a besoin de bonnes volontés et d'hommes politiques pour l'incarner, car aujourd'hui ce leadership manque », estime le président du groupe des pays africains, Seyni Nafo.
L'expert américain Alden Meyer avait rencontré Nicolas Hulot lors d'une visite aux Etats-Unis. "C'est formidable que quelqu'un d'une telle stature, si engagé, soit à ce poste. Cela montre que le président Macron veut voir la France contribuer à une transition économique mondiale favorable au climat".« Bien sûr, le ministre Hulot devra avoir le plein soutien du président et du futur parlement français pour tenir ses objectifs. J'espère qu'il l'aura », ajoute cet observateur des négociations climatiques depuis leurs débuts.
Nicolas Hulot à l'international, c'est « l'encyclique Laudato si du pape François sur l'environnement (dont il rédigea la préface de l'édition française, ndlr), et la tenue du Sommet des consciences » qui avait réuni des dignitaires de toutes religions avant la COP21, retient pour sa part Pierre Cannet, responsable climat du WWF France.
« C'est une personne très engagée, avec qui nous avons des liens. C'est aussi désormais une relation avec un ministre, et elle doit être exigeante: comment va-t-il porter l'accord de Paris, et en France pousser la transition énergétique? », demande-t-il. Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, en charge de l'énergie, qui a le rang de ministre d'Etat, est notamment attendu sur les orientations énergétiques de son pays - le sort du nucléaire, la fermeture anticipée des dernières centrales à charbon, souligne Célia Gautier, du Réseau Action Climat.
Pour la cause climatique, la priorité ne serait pas tant qu'il vienne à Bonn, par exemple, mais d'abord qu'il assoie la crédibilité de son action en France, appuie pour sa part un négociateur européen.Nicolas Hulot est également attendu au niveau européen, où se décident les engagements et la politique climatiques.Depuis l'accord de Paris, le combat climatique prend aussi un tour nouveau. Il est certes diplomatique, mais aussi beaucoup dans les solutions, l'implication de la société civile, des entreprises, des villes... « Il faut entretenir un dialogue rapproché sur la mise en oeuvre, avec les pays du G7 comme avec les pays en développement, qu'il faut rassurer », explique Célia Gautier. Et, lui-même issu de la société civile, l'ancien animateur de télévision « peut être un très bon ambassadeur ».