Nouvelle enquête sur l'impact sanitaire des incinérateurs de déchets ménagers
L'InVS et l'Afssa viennent d'annoncer le lancement d'une étude nationale en vue de mesurer l'imprégnation par les dioxines des habitants vivant à proximité des incinérateurs (voir ci-dessous). Cela permettra-t-il de faire disparaître les craintes sur les conséquences sanitaires de ce mode de traitement des déchets à la fin du XXème siècle, ou bien tout au contraire cela établira-t-il définitivement des effets négatifs sur la santé des citoyens ?...
En Juin 2004, le maire d'Albertville était interpellé pour "empoisonnement par incinérateur de déchets", et en 2003, une étude réalisée par le Pr Jean-François Viel de l'Université de Besançon concluait dans le cas d'une expérience réalisée sur le territoire de Besançon que «Le risque de développer un lymphome malin non hodgkinien est 2,3 fois plus élevé pour les individus résidant dans la zone la plus exposée aux retombées de dioxine que pour ceux habitant dans la zone la moins exposée». (voir notre article).
C'est dire si le sujet est délicat...D'autant plus que les responsables de collectivités locales sont en première ligne.
Le problème n'est pas nouveau
Si la Circulaire du 24 février 1997 indiquait que "les usines obtenant leur autorisation d'exploiter à partir de février 1997 doivent respecter la valeur limite d'émission de 0,1 ng/Nm3", c'est l'Arrêté du 20 septembre 2002 qui fixait" au 28 décembre 2005, l'échéance à laquelle toutes les usines d'incinération devront respecter la « norme » de 0,1 ng/Nm3".
Pour mémoire, à la fin 2001 Annie David pour le groupe communiste au Sénat intervenait et réclamait suite à la pollution à la dioxine engendrée par l'incinérateur de Gilly-Sur-Isère "qu'une étude épidémiologique doit être engagée rapidement afin de connaître les conséquences sur l'état sanitaire de la population".
Et, il est difficile d'obtenir des résultats tangibles
L'Ademe a financé auprès de l'Inserm une étude épidémiologique visant à apprécier les risques de malformation congénitales au voisinage d'usines d'incinération d'ordures ménagères en service entre 1988 et 1997 dans la région Rhône Alpes.Cette étude a mis en lumière une augmentation de certaines malformations au voisinage des usines d’incinération de Rhône Alpes, sans pour autant permettre de conclure quant à l’existence d’un lien de cause à effet entre les incinérateurs et les malformations (voir notre article), ce qui a conduit l'agence a statuer que cette étude ne remet pas en cause "le besoin de construire de nouvelles unités d’incinération performantes dans une politique globale de gestion des déchets reposant sur la prévention, le développement du recyclage et un traitement performant de l’ensemble des déchets résiduels."
L'InVS avait déjà initié un rapport en 2003 " Incinérateurs et santé " qui faisait un état des lieux et des connaissances proposant un protocole d'exposition et la continuation d'études. D'ailleurs cette nouvelle enquête résulte des recommandations de ce groupe travail coordonné par l’InVS et l’Afssa .
Pour sa part, le SVDU qui représente les professionnels de l'incinération reconnaît que concernant l'émission de faibles doses de dioxines "des incertitudes demeurent, malgré le nombre croissant d'études sur le sujet depuis quelques années. L'appréciation de la nocivité, la relation entre une dose et son effet, l'analyse épidémiologique, restent discutées pour les faibles doses. D'autant plus qu'un individu exposé aux dioxines l'est également à d'autres polluants, comme les solvants, le tabac, la pollution automobile et urbaine... Il est donc difficile d'attribuer aux seules dioxines issues de l'incinération des déchets une élévation d'incidence de certaines pathologies aux origines potentiellement multiples."
Face à ce manque de certitudes, les études se poursuivent et c'est en 2006 que l'on obtiendra les résultats de cette prochaine enquête.
D'ici là, le parc d'incinérateurs français aura été rénové et sera en conformité avec l'Arrêté du 20/09/2002.
Mais n'oublions pas qu'en matière d'émissions de dioxines issues des UIOM on est passé de : 1090 grammes I-TEQ par an en France en 1995 à 710 en 1997puis 515 en 1998, 365 en 1999, 340 en 2000, 255 en 2001, 212 en 2002 (source: ministère de l'environnement et du développement durable).
En 2006, on attend des émissions inférieures à 22 grammes sur l'ensemble du parc français.
C'est dire si les effets des émissions ont baissé en dix ans !
à suivre...
- Communiqué de l'InVS et de l'Afssa en date du 30/08/2004 -
Etude nationale sur l’imprégnation par les dioxines :
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