OPA : Alcan dit non, non et... non à Alcoa
Alcan se rebiffe et n'a pas du tout l'intention de se laisser racheter sans rien dire. Son Conseil d'administration vient ainsi de recommander, à l'unanimité, aux actionnaires de rejeter l'offre non sollicitée d'Alcoa visant l'acquisition d'Alcan (voir notre article du 7 mai dernier). Le Conseil a déterminé que l'offre est inadéquate à plusieurs égards et contraire aux intérêts des actionnaires du Groupe. Par conséquent, il leur recommande de ne pas déposer leurs actions en réponse à l'offre d'Alcoa...
Yves Fortier, président du Conseil d'administration d'Alcan, a déclaré : "Le Conseil d'administration d'Alcan a évalué attentivement l'offre d'Alcoa et est arrivé à la conclusion qu'elle n'est pas dans l'intérêt des actionnaires d'Alcan. Elle ne reflète pas adéquatement la valeur des actifs, des compétences stratégiques et des perspectives de croissance extrêmement intéressants d'Alcan, elle ne prévoit pas une prime suffisante pour le contrôle d'Alcan, et elle est fortement conditionnelle et incertaine. En outre, il nous apparaît très clairement que les approches et les réalisations d'Alcan et d'Alcoa en matière de création de valeur pour les actionnaires sont fondamentalement différentes. Nous sommes convaincus que la proposition d'acquisition menée par Alcoa ne constitue pas le bon choix pour nos actionnaires." Voilà qui a le mérite d'être clair...
Un exemplaire de la circulaire du conseil d'administration, laquelle énonce de façon détaillée la recommandation du Conseil et les raisons qui la sous-tendent, vient d'être envoyé par la poste à tous les actionnaires d'Alcan. Parmi les points principaux, on peut noter :
L'offre d'Alcoa ne prévoit pas une contrepartie suffisante pour les actionnaires d'Alcan eu égard à la valeur des actifs, des technologies, des compétences stratégiques et des perspectives de croissance extrêmement intéressants d'Alcan. L'offre d'Alcoa ne représente pas une prime suffisante pour le contrôle d'Alcan. Selon l'analyse faite par Alcoa elle-même, l'offre d'Alcoa n'accorde pas une contrepartie suffisante aux actionnaires d'Alcan compte tenu de la valeur capitalisée des synergies qui peuvent être réalisées selon les propres estimations d'Alcoa. La contrepartie offerte aux termes de l'offre d'Alcoa représente un escompte par rapport au cours actuel des actions ordinaires d'Alcan. L'offre d'Alcoa est fortement conditionnelle et est assujettie à d'importants risques et incertitudes, tant en matière d'échéancier que d'issue finale. La valeur de l'offre d'Alcoa est incertaine et elle variera en fonction du cours des actions d'Alcoa. Le Conseil et son comité stratégique, de concert avec la direction d'Alcan, poursuivent activement la mise en oeuvre des stratégies existantes afin de mettre au point un ensemble complet d'initiatives de la plus grande valeur et continuent d'étudier d'autres options compatibles avec les intérêts des actionnaires d'Alcan. |
De plus, les conseillers financiers principaux d'Alcan ont remis au Conseil un avis écrit selon lequel, à la date de cet avis et sous réserve des hypothèses, restrictions et réserves qui y sont énoncées, la contrepartie que les porteurs d'actions ordinaires d'Alcan doivent recevoir dans le cadre de l'offre d'Alcoa est insuffisante sur le plan financier pour ces porteurs.
Enfin, histoire d'enfoncer définitivement le clou, Dick Evans, Président et chef de la direction d'Alcan, y est allé aussi de son commentaire : "Malgré les démarches d'Alcoa au cours des deux dernières années, Alcan n'a à aucun moment reçu de celle-ci une offre véritablement intéressante - que ce soit sur le plan économique, de la structure ou des conditions - qui pouvait servir au mieux l'intérêt de nos actionnaires. Nous avons fait preuve de rigueur tout au long de ces discussions, insistant sur des garanties fondamentales pour nos actionnaires avant de nous engager dans des négociations significatives. Le refus systématique d'Alcoa de conclure une convention de confidentialité et de moratoire habituelle et raisonnable a conduit à l'échec des discussions. La performance supérieure d'Alcan, tant sur le plan de l'exploitation que du cours de ses actions pendant cette période, prouve la justesse du processus rigoureux que nous avons suivi."
La messe est donc dite, et la bataille entre les deux Groupes promet d'être sans merci. Il ne reste plus qu'à attendre : ce sont les actionnaires qui détiennent désormais le destin d'Alcan entre leurs mains...