Opération satellitaire pour repérage des déchets plastiques planétaires
"Toutes les cibles ont été emportées en mer, les satellites sont passés au-dessus et nous sommes prêts à faire le premier rapport", a indiqué le responsable du projet, le professeur Konstantinos Topouzelis, du département des sciences marines de l'Université de l'Egée, située à Mytilene, sur Lesbos. Pour préparer l'expérience, l'équipe de l'université grecque a collecté quelque 2 000 bouteilles plastiques pour les attacher aux cadres. Y ont aussi été accrochés des sacs de plastique, plus difficiles à détecter dans l'eau et véritable menace contre les dauphins, les tortues et les phoques de la mer Egée.
Les résultats de l'étude, basée sur l'observation satellitaire et la cartographie par drone des déchets plastiques marins en mer Egée ("Satellite Testing and Drone Mapping for Marine Plastics on the Aegean Sea"), seront présentés le mois prochain à Milan à l'occasion d'un symposium de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui tente d'observer depuis l'orbite les déchets en plastique marins : depuis septembre 2017, elle teste en effet, avec ses partenaires (Argans Limited en France et Plymouth Marine Laboratory au Royaume-Uni), la détection de ces déchets en plastique depuis Sentinel 3A, en orbite autour de la Terre à près de 800 kilomètres d'altitude. .
Les déchets marins constituent un fléau qui touche tous les océans du globe ; des techniques modernes sont donc "indispensables pour les détecter et les quantifier", justifie le professeur Topouzelis, qui souligne que les agences spatiales se penchent sérieusement sur la façon dont satellites et drones pourraient contribuer au nettoyage des mers. D'un point de vue scientifique, l'ensemble de ces observations depuis l'espace serviront à tracer une carte mondiale en temps réel, montrant les concentrations de plastique dans les océans. Par rapport aux simulations, réalistes, ces cartes basées sur des mesures réelles fourniront néanmoins des informations bien plus significatives à la communauté scientifique et aux pouvoirs publics.
Et de rappeler que l'on estime les quantités de plastiques relarguées dans les eaux comprises entre 4 et 12 millions de tonnes par an, depuis des années, les industriels producteurs et exportateurs de ces matières dans des zones du monde où la collecte des déchets ménagers telles que nous la connaissons dans nos contrées occidentales n'existant pas, étant pointés du doigt ; à la clé la défiguration des paysages, l'obstruction des canalisations (et la mise en danger d'autrui ; voir notamment notre exposé), la dangerosité pour la faune et la glore marine... puisque seule une petite partie de l'énormité du problème est visible à la surface, sans oublier que cette pollution par des déchets de matière plastique, impacte la chaîne alimentaire, avec à terme, un problème de santé publique.
En 2018, lors de la première phase de l'expérience, il avait été possible de localiser depuis l'espace des concentrations de déchets plastiques s'étendant sur quelque 100 m³. L'ambition, cette année, est de réduire d'un quart la taille détectable de ces "décharges flottantes", et sous diverses conditions météo.