Papiers cartons : les marchés dévissent, les pro pourraient serrer la vis
Tout laisse à penser que l'enlèvement des papiers cartons industriels pourrait être facturé sous peu, dès lors que la matière ne vaut plus grand chose sur les marchés en l'état actuel de ceux-ci. Que dire de ces matières parvenant dans les centres de tri? Seront-elles peu ou prou prises dans cette tourmente, avec un manque à gagner pour les collectivités? On est en droit de se poser la question, étant entendu que le marché est sérieusement mis à mal : les prix ont été divisés par trois en moins de deux ans, la Chine ayant fermé par ses décisions récentes, la porte à certaines matières, et aux déchets en mélange, ce qui perturbe (restons modérés) le marché du recyclage mondial.
L'industrie papetière française quant à elle, consomme l'essentiel des papiers cartons recyclés, mais pas la totalité : quid de ce qui reste en suspens? De ce delta qui tire les prix par le bas?... Parce que ce qui est constaté en France l'est aussi chez nos voisins qui sont privés de l'exutoire chinois tout comme nous, la saturation des usines des autres pays asiatiques n'étant pas loin. In fine, l'Europe, selon le Cepi, serait excédentaire de 8,5 millions de tonnes (sur les 56 millions de tonnes collectées) ; 8,5 millions de tonnes qui mettent le marché à mal.
Les entreprises de recyclage concernées ne cachent pas leur inquiètude d'autant que pour l'heure, aucune perspective favorable ne se profile à l'horizon, ni pour les cartons, ni pour le papier destiné au désencrage.
Dès lors que les stocks possibles seraient parvenus à saturation, qu'adviendrait-il? Va-t-on vers des interruptions des collectes de ces flux, faute d'exutoires? Parce qu'il est bien évident que l'on ne peut stocker dans les centres de tri, au delà des autorisations... Ne serait-ce que pour des questions de sécurité et des risques incendies. Si les centres de tri ne pouvaient plus accepter certains des tonnages inclus dans les collectes sélectives, parce qu'il est avéré que l'industrie consommatrice privilégie toujours (dès lors qu'elle a le choix) la matière de qualité (les déchets industriels et commerciaux étant moins souillés que les déchets ménagers), on imagine sans peine la désorganisation qui en découlerait de facto :
un manque à gagner sévère pour les collectivités qui compensent par la vente des matières une partie des coûts de collecte et de traitement des déchets ménagers
des quantités importantes de matières recyclables qui pourraient prendre la direction de la valorisation énergétique, promise sous peu, tout comme l'enfouissement, à un renchérissement de la fiscalité (TGAP),
et ce, alors que l'on fait la guerre au plastique (ce qui pourrait inciter à doper la production d'emballages en papiers), etant entendu aussi, que l'on est en train de concocter la loi sur l'économie circulaire et l'évitement du gaspillage...
Comme quoi, aucune loi n'a intérêt à être déconnectée des réalités économiques.