Patrick Maugein est mort ; Claude Dauphin reste sous les verrous
Ainsi vont les choses… Accusé dans l’affaire « Pétrole contre nourriture », qui avait également mouillé la société Trafigura dirigée par Claude Dauphin, l’homme d’affaires Patrick Maugein, proche de Jacques Chirac, est mort des suites d'un cancer. Il était âgé de 59 ans. Il a fait partie des premiers grands intermédiaires dans le négoce de matières premières entre l'Europe, l'Afrique et les pays arabes et a échappé à la justice, emportant ses secrets, tandis que son coreligionnaire, qui n’a pas cessé de nager en eaux troubles, a fêté Noël derrière les barreaux…
Polytechnicien, Patrick Maugein commence à travailler au début des années 70, avec le « célébrissime » trader américain Mark Rich. En peu de temps, le Français, était devenu, selon ses propres dires, « maître d’œuvre des sociétés écrans » de l’Américain. Puis, il peaufine et fignole auprès de ce dernier son apprentissage de négociant en matières premières. Peut être est-ce en raison de ces performances que Pierre Dauzier, patron d’Havas, lui fait connaître en 1978, un ami intime de la famille, Jacques Chirac, corrézien comme lui, dont il deviendra un proche.
Par la suite, il s’émancipe de Mark Rich, créé ses propres structures avant de devenir en 1999 président non exécutif d’une société cotée au London Stock Exchange, Soco International spécialisée dans l’exploration et la production pétrolière.
Via celle-ci, notre homme aurait joué un rôle dans le détournement de 25 millions de barils de brut irakien lors du programme « Pétrole contre nourriture » de l’ONU, en association avec la société Trafigura, qui a défrayé la chronique avec le scandale des déchets toxiques d’Abidjan. Fondée également par des deux personnes issues du sérail Mark Rich, à savoir, Claude Dauphin et Eric de Turkheim, Trafigura a également été accusée d’avoir détourné 500 000 barils de pétrole irakien, en 2001. Là encore, en association avec un Français, l’homme d’affaires Jean-Paul Cayre, de la société Ibex Energy, lequel a été mis en examen fin novembre 2006, par le juge du pôle financier de Paris Philippe Courroye.
Dans cette affaire, Trafigura a plaidé coupable en mai 2006 et reconnu avoir violé la loi fédérale américaine et l’embargo des Nations unies, devant le tribunal de Houston, au Texas.
Trafigura a accepté de payer deux fois 9,9 millions de dollars d’amende, ce qui correspond aux profits tirés de ces ventes frauduleuses et en second lieu aux pénalités.
Quelques mois plus tard, Trafigura aurait non seulement trafiqué du pétrole pour en faire de l’essence, générant de la sorte un chiffre d’affaires conséquent mais aussi déversé, sans complexe, par le biais de vraquier Probo Koala, 400 tonnes de déchets toxiques à Abidjan en Côte d’Ivoire (voir nos précédents rédactionnels).
A force de nager en eaux troubles, voilà ce qui arrive : Claude Dauphin a été interpelé en septembre puis incarcéré dans la capitale ivoirienne. Pour l’heure, il est toujours derrière les barreaux et attend le procès de cette sale affaire largement imbriquée qui plus est, dans l'imbroglio politico-économique franco-ivoirien.