PCB dans le Rhône : les pêcheurs s'insurgent
Depuis 20 ans, le Rhône subit une pollution récurrente aux PCB (voir notre exposé : PCB : un traitement spécifique… par dessus la jambe ?!). La gravité de cette pollution s’est particulièrement révélée au premier semestre 2005, suite à la réalisation d’analyses de chairs de poissons pêchés dans le canal de Jonages. Le 7 août dernier, face à l’ampleur de cette menace écologique et sanitaire, les pouvoirs publics ont interdit la consommation des poissons pêchés dans le Rhône sur 400 kilomètres de linéaire. Tout va très bien, madame la Marquise...
Les derniers prélèvements effectués ont révélé que 6 espèces de poissons présentaient une contamination allant jusqu'à 59 pictogrammes/gramme (pg/g), alors que l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a fixé à 8 pg/g la concentration admissible en dioxine et PCB (Polluants Organiques Persistants) dans les poissons destinés à la consommation humaine. Bon appétit...
C’est pourquoi la plupart des Fédérations Départementales de Pêche concernées ont porté plainte conte X pour pollution du milieu aquatique et mise en danger de la vie d’autrui. Dans un communiqué, elles rappellent également que "ce sont près de 160 000 pêcheurs qui sont concernés et qui risquent de ne plus pouvoir pratiquer leur loisir." A ce jour, deux fédérations (le Rhône et l’Ain) observent déjà une baisse de leur nombre d’adhérents. Celles-ci donc leurs structures sérieusement ébranlées alors que, par ailleurs, elles paient des baux de pêche auprès de l'Etat pour que la pratique de ce loisir sur le fleuve soit ouverte à tous et qu’elles veillent au quotidien à la protection des rivières.
En outre, la Fédération Nationale de la Pêche en France demande aux autorités publiques d’établir un recensement complet des points de rejet de PCB et d’entamer un suivi précis de cette pollution accompagné d’une information rigoureuse des usagers. Selon elle, "il incombe à l’état d’assurer une surveillance accrue des principaux sites émetteurs sans plus tolérer le moindre rejet de PCB dans le fleuve Rhône", précisant que "paradoxalement, les plus importants foyers connus sont des installations industrielles soumises à des normes de protection de l’environnement dont l’Etat contrôle l’application." Cherchez l'erreur...
Pour rappel, toutes les eaux françaises doivent atteindre un bon état écologique d’ici 2015 en vertu de la Directive Cadre sur l’Eau du 23 octobre 2000. Un objectif quasi impossible pour le Rhône... La Fédération conclut donc son communiqué sur une note pessimiste et alarmiste : "Qu’en sera-t-il du fleuve Rhône qui concentre dans ses sédiments plus de 20 ans de pollution aux PCB que des dizaines d’années n’arriveront pas à effacer ?". On se le demande. Mais une chose est sûre : la facture environnementale promet d'être salée...
Nous vous conseillons également la lecture de notre article : Contamination du Rhône aux PCBs : un Tchernobyl à la française !.