PCB : sédiments pollués, poissons contaminés
Une étude des chercheurs d’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture, anciennement Cemagref) confirme et éclaire la relation entre la contamination aux PCB des sédiments et celle des poissons dans les rivières...
Les PCB (ou polychlorobiphényles) sont des substances aujourd’hui interdites qui ont été largement utilisées des années 1930 aux années 1980 dans l’industrie, entre autres comme isolants. Rejetés en masse dans l’environnement, ces polluants toxiques pour les mammifères, dont l’homme, ont contaminé les sols, les rivières... et les poissons. Et ce jusqu’à contraindre les pouvoirs publics à produire des arrêtés d’interdiction de consommation des poissons, totale ou partielle suivant le degré de contamination des espèces et leur capacité à accumuler les PCB, dans de nombreuses rivières françaises.
Le Rhône et ses affluents, concernés par ces arrêtés, font l’objet depuis 2007 d’un diagnostic approfondi mis en oeuvre par la DREAL régionale et impliquant Ies chercheurs d’Irstea Rhône-Alpes. Les résultats de leur étude, inscrite dans le plan d’actions 'PCB' national ainsi que dans celui spécifique au bassin Rhône-Méditerranée, confirment bel et bien l’origine sédimentaire de la contamination. Ils apportent en outre un nouvel éclairage sur la compréhension des relations entre la teneur en PCB des sédiments et celle des poissons.
L’étude a porté sur 3 espèces de poissons (la brème commune, le barbeau fluviatile et le chevaine) capturés, avec leurs proies, sur 3 sites du Rhône, où des carottages de sédiment ont également été effectués. Par une analyse statistique, les scientifiques ont pu montrer que la contamination de ces poissons en PCB est liée à leur taille, à la concentration en PCB des sédiments, ainsi qu’au taux de carbone d’origine détritique, donc sédimentaire, dans leur alimentation. Dans la même étude, un modèle d’accumulation basé sur la physiologie des poissons a été développé. Ces deux modèles, statistique et physiologique, ont permis de déterminer des concentrations en PCB dans les sédiments au-dessous desquelles les poissons sont conformes au seuil réglementaire (8 pg TEQ - équivalent toxique - par gramme de poids frais). Ce seuil "sans risque" dans les sédiments se situe, selon les modèles et le site, entre 2,6 et 14 μg de PCB par kg de poids sec.
Ces premiers résultats, qui offrent également une vision des tendances de ces contaminations dans le temps, ouvrent aujourd’hui la perspective d’estimer le délai de retour des poissons à des niveaux de contamination inférieurs au seuil réglementaire. Utiles pour les gestionnaires et les pouvoirs publics dans leur prise de décision en termes de pêche et de consommation, ces modèles s’avèrent potentiellement transposables à d’autres polluants que les PCB. Pour plus d'informations, le rapport de l’étude est consultable ici.
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