Phytoremédiation : le soin des sols par les plantes
En France, 3725 sites pollués étaient recensés en 2005 dont moins de 9% correspondent à des sites traités. Face à cette situation préoccupante, il importe de développer des solutions d’avenir. La phytoremédiation par deux voies est l’une d’elle…
La première est la phytoextraction : elle concerne l’élimination des métaux toxiques, polluants non biodégradables grâce à certaines plantes dites hyper accumulatrices aptes à extraire et accumuler les métaux du sol. Environ 400 espèces sont recensées à ce jour : on les trouve dans des sols riches en métaux. Du fait de l’accumulation de ceux-ci dans les parties supérieures, il suffira de les faucher puis de les incinérer.
Les cendres ainsi obtenues contiendront naturellement des métaux avec des concentrations de 10 à 20% permettant de d’imaginer leur valorisation et aussi de réduire les coûts de traitement. Cependant, le faible développement de ces plantes limite la quantité de métal extractible par cycle de végétation et implique des traitements sur de longues durées.
La seconde est la phytodégradation : elle vise essentiellement les polluants organiques. Depuis les années 1990 , on a mis en évidence une plus rapide disparition de la pollution sur des sols couverts de végétation, notamment pour les HAP, trichloréthylène, TNT, herbicides et pesticides. L’action des racines augmente la densité microbienne du sol d’un facteur de 5 à 10, 20 et parfois jusqu’à 100 suivant des interactions complexes et encore mal connues entre plantes et flore du sol.
Les techniques de phytoremédiation permettent d’immobiliser et/ou de réduire sur site les polluants organiques ou minéraux, elles sont respectueuses de l’environnement et sont d’un coût assez faible par rapport aux autres techniques existantes. Mais il convient d’être conscient de ses limites pour éviter les échecs ; dans les sols, les contaminants sont généralement plus ou moins associés aux composants des sols réduisant ainsi la fraction lessivable ou biodisponible des contaminants, seule accessible aux plantes. D’où la difficulté à obtenir une élimination totale de la pollution tout en obtenant en même temps un abaissement des concentrations pouvant aller au dessous des seuils imposés. D’autre part, la pollution ne doit pas dépasser les limites de tolérance des plantes retenues. Ceci limite l’utilisation de ces techniques à des sites moyennement ou faiblement pollués avec des traitements de plusieurs années. On notera au passage que les plantes ne peuvent dépolluer que dans le volume du sol occupé par leur racines : en d’autres termes, leur action ne peut être profonde. Enfin, la nature des polluants est à prendre en compte ; c’est ainsi que la phytoremédiation est sans effet pour décontaminer des sols atteints par des polluants organiques à grosses molécules ou ceux insolubles dans l’eau.
Source : extrait d’un article paru dans la revue Naturellement, fin 2005
Pour en savoir plus :
Etude LE PHYTOMANAGEMENT - ELEMENTS DE SYNTHÈSE
Lille, Pôle de Compétence Sites et Sédiments Pollués, 2001, 50 pages, ISBN : 2-9517290-0-6, ISSN : en cours
Auteurs : Dubourguier H-C, Petit D, Deram A, Logeay C
Qu’est-ce que la phytoremédiation ? Pourquoi et comment reconquérir un site par le génie végétal ? Cette synthèse d’étude fait le point sur l’intérêt d’une gestion par les plantes des pollutions diffuses (métalliques ou organiques).
Partenariat : ISA, USTL, Pôle