Plastiques complexes : le recyclage « peut marcher »
Le plastique par excellence répondant à ces critères, est sans conteste le Skaï (avec une face plastique et l'autre en textiles), une matière largement utilisée, mais qui une fois devenue déchet, était destinée à l'enfouissement ou à l'incinération... Environ 20 000 tonnes par mois, à l'échelle européenne, sont en effet condamnées à l'élimination, dans une large mesure, faute de mieux.
Deux fois lauréat du concours Lépine, une référence s'il en est, il y a environ une dizaine d'années (en 2006 et 2007), il est en effet l'inventeur du Pevetex (ou PVTex), un matériau mis au point en 2004 après des années de recherche, fabriqué à partir de plastiques bi-composés (PVC souple avec fibres).
Le dirigeant a mis sur pied un procédé industriel consistant à traiter, en même temps (le détail a son importance), la fibre et le plastique de sorte à pouvoir les réutiliser sous forme d'un matériau spécifique et recyclable, le Pevetex, qui ne manque pas de débouchés. Le procédé consiste à recycler des chutes qui contiennent jusqu’à 20 % de textile, polyamide, coton ou polyester en les broyant, les densifiant et les calibrant afin de réaliser un granulé où les fibres sont parfaitement enrobées par le PVC.
Résolument positionnée sur un marché de niche, installée dans l'Eure, Chaize Environnement, qui emploie 5 personnes, est à même aujourd'hui de recycler et proposer à la vente de très nombreux plastiques (Polyamide, 6 ou 66, chargé, non chargé, modifié choc, Polycarbonate, Polyacetale, Plexi, PBT, PPS...), transformés en granulés, mais aussi de travailler le PVC mou, lequel débouche sur une production d'environ 1000 tonnes annuelles de Pevetex sous forme de granulats, prêts à l'emploi, ou encore sous forme de toile de maroquinerie.
Le tri des matières entrantes (essentiellement des rebuts de fabrication provenant des secteurs de l'ameublement et de l'automobile) est manuel ; la valorisation proprement dite est mécanisée. La matière recyclée dont 80% est vendue à l'international, est réutilisée dans les industries de l'ameublement et de l'automobile, dans les secteurs du revêtement de sol (tapis et dalles), de la maroquinerie, mais aussi de la chaussure (semelles), étant entendu que Chaize Environnement a sa propre production de chaussures : des tongs appelées Clakett ; 10 000 paires par an sont fabriquées à partir des granulats qui sortent du broyeur..., lequelles trouvent preneurs dans les établissements thermaux, les spa et autres clubs sportifs. C'est sans compter que depuis deux ans environ, ces dernières sont personnalisables (grâce au travail d'une jeune créatrice designer) : et ça marche!...