L’océan est grand tout autant que généreux … On imagine même, bêtement, qu’il est capable de tout supporter, de tout absorber, sans limite, notamment en matière de déchets. Faux !
Pour autant, une décharge en plein Atlantique, vient d’être enregistrée, identifiée, mesurée : véridique. Aussi étendue que l’Etat du Texas, elle est profonde de 10 mètres environ : des milliers de tonnes d’immondices se sont « naturellement » rassemblées à moins de 1000 kilomètres des côtes américaines…
Telle est la découverte récente, stupéfiante et incroyable des océanographes de la Sea Education Association (SEA), en plein Atlantique Nord : gigantesque décharge de la taille d’un pays, dérivant tout doucement mais sûrement, et tournoyant sur elle–même... Là, on trouve de tout sur notre vie à tous : des milliers de tonnes de déchets, principalement du plastique, à la dérive, en raison des courants faible à cet endroit. Le magma en question se situe à 500 milles nautiques (926 km) des côtes américaines et son centre se trouve à la latitude d'Atlanta.
Ces détritus sont présents jusqu'à au moins 10 m de profondeur. Les vents dans cette partie du globe sont en effet faibles tandis que les courants tournent sur eux-mêmes. Résultat : les déchets sont pris au piège dans ce qu'on appelle une gyre. Cette pollution provient notamment des navires et des rejets des continents riverains de l'Atlantique, transportés par le vent et les fleuves vers la mer.
Bouteilles vides, bouchons, cartouches vides, morceaux de cagettes en bois, filets et des milliards de fragments de PVC sont là. Telle est la révélation faite en cette fin de semaine à Portland dans l’État américain de l’Oregon par les scientifiques membres de l’organisation non gouvernementale américaine, spécialisée dans la formation des étudiants. Ces derniers ayant qualifié la décharge de véritable « continent », en raison de sa taille. Cette « île » étant bien évidemment très dangereuse pour les êtres vivants dans la mer.
Quid de ses origines ?
Qu’en sera-t-il de sa destinée future ?
Pour l’heure, pas de réponse. Car sa masse impressionnante inquiète. Quant à son élimination, elle passera par des travaux colossaux et donc très coûteux…
Une chose est sûre : il s’agit bien de déchets venus des bateaux mais aussi des côtes.
Faut-il rappeler que les déchets marins constituent des menaces significatives pour la vie ? Des effets néfastes ont été démontrés sur 260 espèces. Dommages conséquents ou mort de grands mammifères marins dus à l’enchevêtrement par de grands débris
Mort programmée aussi par ingestion de plus petits débris en plastique par les oiseaux marins, les tortues, et même le zooplancton…
Ce n’est pas faute de le répéter dans le cadre de congrès, de produire des documentaires que chacun peut regarder…
Une première décharge de ce type avait été découverte en 1997 dans le Pacifique…
On appelle grande plaque du Pacifique ou « poubelle du Pacifique » (Great Pacific Garbage Patch) une zone de 3 millions de kilomètres carrés —deux fois l’Alaska— située au sud-ouest de la Californie. Depuis 2004, elle a capté l’attention : la rencontre des courants marins fait que s’y concentrent, comme dans un goulot, jusqu’à 20 000 morceaux de plastique par kilomètre carré. Sur 6000 sorties dans la mer des Antilles et dans l’Atlantique Nord, plus de la moitié auraient permis de revenir avec une pêche « fructueuse » —soit des débris faisant généralement un centimètre de large. Dont des restes de sacs de plastique, à plusieurs centaines de kilomètres de la côte la plus proche!
« Nous avons trouvé une région assez loin au nord de l’Atlantique, où ces débris semblent être concentrés et y demeurer pour de longues périodes de temps », a expliqué sur toutes tribunes, depuis deux semaines, Karen Lavender Law, de l’Association d’éducation sur la mer (SEA). Environ 83% des débris ont été ramassés entre le 22e et le 38e degré de latitude nord ; elle ne précise pas la longitude, ce qui peut placer ces débris n'importe où au large de la Floride ou du Massachusetts.
Mais ces observations confirment du même coup qu’il y a sans doute beaucoup d’autres accumulations. Moins spectaculaires mais qui en disent long sur ce que consomment les poissons depuis quelques décennies. Le « truc » pour les futurs scientifiques, explique-t-on, serait de ne pas se contenter de faire traîner leurs filets à la surface, comme leurs prédécesseurs l’ont fait jusqu’ici : cette technique ne permet que de ramasser une fraction des déchets, est venue dire Giora Proskurowski, de la SEA, au même colloque de l’Union géophysique américaine consacré aux océans.
Ce qui signifie que, compte tenu des courants marins, deux autres zones réserveront probablement d'aussi désagréables surprises au cours des prochaines années, toutes deux au large de l’Amérique du Sud : l’une du côté Pacifique, au large du Chili et l’autre du côté Atlantique, au large de l’Argentine.