Plastiques : hausses vertigineuses jugées dangereuses...

Le 07/09/2012 à 15:02  

Plastiques : hausses vertigineuses jugées dangereuses...

Résine de matière plastique C'est brutal ;  la situation créée par les producteurs de matières plastiques, est jugée dramatique : les prix de l'ensemble des résines  plastiques ont augmenté depuis juillet 2012 avec accélération marquée en août et maintenant à nouveau une flambée sur septembre. Pour faire bref : +35% en 3 mois pour la plupart des matières...

 Outre que ces hausses records sont particulièrement mal venues en une période de morosité de l’économie en général et de recherche d’économies qui nécessiteraient plutôt un renforcement de la solidarité entre les différents acteurs de la filière matières plastiques, les inversions de tendances brutales d’un mois à l’autre constituent un facteur grave qui déstabilise l'industrie utilisatrice de la matière, la décrédibilise dans ses relations avec ses clients et fragilise les trésoreries des entreprises.
"Aux augmentations, s’ajoutent des contingentements et des déclarations de force majeure dont certaines n’ont pas de fondement juridique et traduisent plutôt l’absence de maintenance préventive des installations de production, le retard dans les investissements
de modernisation. Plus grave encore et inacceptable : des livraisons annulées en dernière minute, bien qu’ayant été confirmées préalablement",
nous indique Elipso, le syndicat professionnel rassemblant les industriels spécialisés dans la fabrication des emballages plastiques.
De fait, les conséquences sont jugées "gravissimes" pour de nombreuses entreprises de l’emballage plastique et souple, en particulier pour tous les secteurs pour lesquels la part matière plastique constitue un élément important du compte d’exploitation, tels que l’industrie du film, celle du flaconnage, du bouchage ou des liquides alimentaires.
De telles variations de prix, annoncées de surcroît en une période estivale où les équipes commerciales des entreprises sont peu présentes et où les acheteurs des clients sont peu disponibles, ne peuvent en aucun cas être rapidement absorbées dans les prix des produits, créant des difficultés de trésorerie importantes à des entreprises, déjà malmenées par une consommation atone.
 
Pourtant, depuis l’année 2010 qui avait été marquée par une grave crise pour notre industrie en matière de prix et d’approvisionnement en matières plastiques, "nos entreprises à travers une organisation professionnelle telle qu’Elipso avaient fait la démonstration d’une réelle volonté de travailler en filière et dans la durée avec les fournisseurs de matières premières et leurs instances représentatives sur les axes suivants :
- une meilleure vision et transparence de l’évolution de l’offre et de la demande de la filière, avec à la clé une meilleure maîtrise de l’évolution des prix et la protection de nos entreprises de la spéculation sur les matières premières.
- l’instauration d’une charte de bonne conduite dans les relations entre fournisseurs et transformateurs, notamment sur la question de l’utilisation de la force majeure.
- la garantie des approvisionnements de la filière par la mise en place de mesures préventives de maintenance, de sécurisation et de modernisation des outils de production en France et en Europe, telles que le demandent nos clients pour nos propres installations industrielles.
- la relance de l’innovation autour de matières toujours plus performantes, permettant à nos entreprises de relever les challenges techniques et économiques escomptés par nos clients tant au niveau de la compétitivité et de l’allègement de nos emballages que de la fiabilité et robustesse de nos productions".

Les évènements du moment  tant au niveau de l’évolution jugée "sauvage" des prix que des forces majeures pénalisent inévitablement l’aval de la filière et les clients des transformateurs indiquent très clairement une dérive importante dans les intérêts respectifs des acteurs de la filière.
"Il convient que les producteurs de matières plastiques en France, comme en Europe, retrouvent les valeurs qui sous-tendaient l’instauration d’un fonctionnement de nos industries en filière.
L’appel des marchés émergents est certes important et tentant, mais il ne saurait contribuer à la destruction d’une filière européenne de la transformation des matières plastiques qui a permis à nos fournisseurs de se construire une solide expérience et réputation et qui ne cesse de se consolider dans le monde grâce aux innovations de ses transformateurs et clients
", indique Françoise Gérardi.
Dans ce contexte, le syndicat et ses adhérents "en appellent donc à la responsabilité des producteurs de matières plastiques dans l’intérêt de nos industries, avec abandon de démarches court-termistes et spéculatives au profit d’une politique industrielle construite autour d’ambitions partagées avec les autres acteurs de la filière", conclut Christophe Morvant.