Deux semaines marathoniennes pour les parties signataires de la convention de Bâle, réunies en Suisse ; cette rencontre au sommet s'est soldée à la fin de cette semaine, par l'adoption de mesures concernant les plastiques...
Les parties prenantes ont travaillé de concert pendant quasi deux semaines, avec pour objectif de trouver un accord en faveur d'un changement radical à inscrire dans le texte régissant les transferts transfrontaliers de déchets (voir notre dépêche), afin de réduire les dommages causés par les décbets en matières plastiques en mers et sur terre.
En d'autres termes, non seulement les mouvements transftrontières de déchets plastiques non recyclables ou difficiles à recycler seront limités et contrôlés, mais les pays devront travailler ensemble, dans le cadre du Partenariat de la Convention de Bâle, sur ces déchets, entreprendre plus d'actions significatives et prendre des initiatives d'envergure pour mieux gérer ces tonnages.
Les États-Unis, qui n'ont jamais ratifié la convention de Bâle, et par ailleurs plus grand exportateur de déchets plastiques, se sont opposés à cet engagement. Il n'empêche qu'ils ne pourront plus exporter leurs déchets dans les pays faisant partie de la convention, aussi facilement que par le passé.
«Je suis fier que les Parties à la Convention de Bâle aient conclu un accord sur un mécanisme légalement contraignant et global pour la gestion des déchets plastiques», s'est félicité Rolph Payet, le secrétaire exécutif des trois conventions au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Le réseau IPEN, qui regroupe des centaines d'ONG dans le monde, a salué cette décision qui va permettre aux pays de «refuser des plastiques polluants non recyclables». «Avec cet amendement, beaucoup de pays en développement vont, pour la première fois, avoir des informations sur les déchets plastiques entrant sur leur territoire et avoir le droit de les refuser», a commenté Sara Brosché, conseillère scientifique d'IPEN.
En moins d’un an, la Convention de Bâle a donc réagi, répondu aux préoccupations internationales liées à ces déchets, et apporté des changements significatifs. Lorsque ces modifications juridiques entreront en vigueur, le prochain défi consistera à les mettre en application, et même d'aider les plus petits Etats insulaires à s'y conformer.
La prise de conscience est réelle et internationale. On ne pourra plus exporter n'importe quoi, comme ce fut le cas par le passé (des déchets mal ou à peine triés), mais uniquement des matières qui pourront être recyclées, ne serait ce que parce que les pays réceptionnaires des déchets plastiques ont resserré les boulons et que le mouvement allant en ce sens, initié par la Chine, se propage peu ou prou, ailleurs, mais également parce que les pays d'acceuil devront préalablement donner leur feu vert. De la même manière, les scientifiques ayant planché sur le sujet, ont fait savoir que les microplastiques peuvent se retrouver dans l'eau potable, ou dans la chaine alimentaire, sans parler des dégâts opérés sur la faune.
Les producteurs vont devoir eux aussi, se remettre en question, la pollution générée par ces matériaux n'étant pas un leurre. Un nouveau processus se dessine : des industriels s'engagent plus avant dans l'intégration de matières recyclées dans leurs productions, tandis que les législateurs européens sont en train de bannir des produits à usage unique...
C'est d'ailleurs pour répondre à la préoccupation du public confronté aux effets de la pollution par les plastiques sur la santé et l’environnement, que le Gouvernement norvégien avait proposé l'an dernier, de modifier la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, afin de lutter contre la dispersion des déchets de plastique, puisqu'il est avéré d'une part, que la production de matières plastiques devrait augmenter de manière exponentielle au cours de la prochaine décennie, et que d'autre part, la collecte des déchets ménagers que l'on connait dans nos contrées, comme la collecte sélective des plastiques post consommation, n'existe pas partout dans le monde et loin s'en faut. Les dégâts ne sont plus à démontrer.
Ayant déjà joué un rôle actif dans le cadre du partenariat connexe sur les déchets ménagers, qui inclut notamment les déchets plastiques, le Bureau international du recyclage s'est engagé à collaborer avec le nouveau partenariat de la Convention de Bâle sur les déchets de plastiques. Le BIR est par ailleurs très attaché aux intentions déclarées d'éliminer ou de réduire les constituants dangereux contenus dans les plastiques, ce qui figure parmi les «mesures supplémentaires pour lutter contre les déchets au titre de la Convention de Bâle».
L'industrie du recyclage des plastiques mondiale, qui contribue à une moindre extraction du pétrole, se déclare prête en effet, à relever le défi, à participer activement à l'atteinte des objectifs fixés, à investir pour recycler plus, et offrir une qualité optimisée ; le BIR confirme souhaiter continuer de travailler avec les gouvernements pour améliorer et optimiser les conditions de gestion des déchets plastiques...