Pneus usagés, pour sur, une valeur sûre…
Les fours des cimentiers ont avalé près d’un tiers des 295 000 tonnes collectées l’an dernier. Pas mal, non ? Mais attention : il faudra bientôt mettre la main au porte-monnaie pour utiliser ce combustible extra… C’est vrai que dans un premier temps, les industriels ont un peu traîné les pieds à l’idée de payer ce qu’ils avaient pris pour habitude de toucher « gratos » ; on ne s'étendra pas sur le période (révolue) où ils se faisaient payer pour les utiliser. Les temps changent et les mentalités aussi...
Au début, l’industrie cimentière, consommatrice de pneus et autres combustibles non classiques, a un peu traîné les pieds et s’est un peu fait tirer les oreilles, habituée qu’elle est à se faire payer pour incorporer ces combustibles.
L’ouverture d’un marché vers le Maroc, a sans aucun doute aidé à la réflexion et a ramené les interlocuteurs à davantage de raison…
« Les cimentiers se sont équipés pour contrôler leurs émissions, et ils doivent régler leurs fours. Même avec ces contraintes, le pneu est un bonus pour eux.
En face, nous devons respecter une densimétrie régulière. Après des débuts difficiles, nous sommes pour l’heure arrivés à un coût zéro à l’entrée des sites de cimentiers », explique-t-on du côté d'Aliapur…
Les fondeurs ne sont pas des frondeurs
Une expérience a été développée avec les fonderies ; elle repose sur une logique de répartition des éléments positifs.
Depuis quelque temps, les fonderies prennent en effet du PUNR pour alimenter leurs fours.
Un audit a été réalisé afin d’évaluer les impacts financiers et a débouché sur une répartition des bénéfices liés à l’utilisation du pneu à 60% pour les fondeurs et 40% pour Aliapur.
Autre débouché en voie de développement, les revêtements d’équipements sportifs ont l’avantage de s’inscrire dans la valorisation gros tonnages.
A raison de 150 à 200 tonnes pour un terrain de foot, la société Filter Tarket a consommé 11 000 tonnes de pneus en 2006…
La valorisation énergétique devrait également bénéfricier d'un bel avenir.
La Suède est l’exemple d’un pays précurseur qui est venu à bout de ses stocks et qui en achète désormais pour le chauffage, un modèle qui selon Eric Fabiew, directeur d’Aliapur, devrait se propager en Europe…
Les broyats, bientôt vendus
« Le pneu est aussi bon, voire meilleur que le charbon », affirme Catherine Clausade, en charge de la R&D. Il semble que les cimentiers aient intégré l’information au terme de 3 ans de négociations : à partir du moment où le produit est intéressant, il est payant.
Les fondeurs suivent.
Encore faut-il, effectivement, garantir une qualité de produit selon des granulométries précises. Ce qui peut se comprendre aisément.
Visiopur, une machine qui contrôle la granulométrie en question et la présence de fils saillants a maintenant été brevetée. Six fonctionnent en France ; une quinzaine étant prévue d'ici la fin de cette année.
« L’évolution du marché est telle que nous pouvons estimer que dans les cinq ans qui viennent, nous vendrons nos broyats de pneumatiques », conclut la dame
Le pneu, longtemps considéré comme une verrue, serait-il en passe de devenir une valeur sûre ?...