Politique : Nicole Bricq n'aura pas duré à l'Ecologie...
A peine quelques semaines après la mise en place du nouveau Gouvernement, on assiste déjà au premier remaniement ministériel : le moins que l'on puisse en dire, est qu'il porte un sérieux coup derrière la cafetière, au développement durable... Le Gouvernement vient d'annoncer le remplacement de Nicole Bricq par Delphine Batho, qui était Ministre déléguée à la Justice, à la tête du Ministère de l’Ecologie, tandis que Mme Bricq hérite du portefeuille du Commerce extérieur. Pour France Nature Environnement, "ce changement rapide envoie un mauvais signal en ce qui concerne la prise en compte des enjeux environnementaux par la nouvelle majorité". Et faut-il y voir une conséquence des remous autour du projet de forage en Guyane ?...
"Ce remaniement intervenant juste après une série de messages contradictoires du Gouvernement à propos du projet de forage en Guyane, il est difficile de ne pas voir l’éviction de Nicole Bricq comme la conséquencea possible d’un lobby efficace mené par l’industrie pétrolière. Il est vrai qu’en période de crise, le chantage à l’emploi est d’une redoutable efficacité... Au-delà de l’éviction de Nicole Bricq après un arbitrage ministériel défavorable, c’est la réforme du code minier qui risque d’être enterrée. Plus largement, la question qui se pose est celle de la cohérence de la politique gouvernementale : peut-on tout à la fois plaider pour la transition écologique de la société et revenir aux vieilles recettes productivistes ?", s'interroge FNE.
Ce remaniement fait désordre... En effet, un changement de Ministre au beau milieu du sommet de Rio sur le développement durable ne donne pas vraiment de gages quant à un engagement réel du chef de l’Etat. Pour mémoire, la défense des océans est au cœur du message porté par la France à l’occasion de ce sommet de l'ONU. Et l'association environnementale de rire jaune : "Rappelons que le Gouvernement a donné son feu vert pour un projet de forage en Guyane alors que, de l’avis même de la Ministre de l’Ecologie, les études d’impacts réalisées sont insuffisantes. Autoriser, au même moment, un chantier qui pourrait déclencher une catastrophe écologique majeure touchant également le Brésil... ça doit être de l’humour noir !".
"Il est heureux qu'au moins le périmètre du Ministère ne soit pas réduit et que l'énergie soit restée dans son giron. Tout en souhaitant bonne chance à Delphine Batho dans la conduite de ce ministère, nous espérons que ce remaniement n'augure pas un enterrement en grandes pompes de la refonte du code minier et, au-delà, que ce ne soit pas le signe d'un manque de volonté politique pour défendre l'écologie et l'intérêt public contre des intérêts privés portés par des lobbys de pollueurs notables. Ce qui est en jeu maintenant, c’est la cohérence de l’action gouvernementale. Cela passe par la feuille de route de la transition écologique appliquée à tous les ministères et annoncée par le Président de la République lui-même. Nous attendons que les engagements de la campagne se traduisent par des actes politiques", déclare Bruno Genty, Président de FNE.
"Dès à présent, nous attendons de la Ministre et du Gouvernement des positions fermes et claires tant sur la question des forages off-shore au large de la Guyane et en Méditerranée, notamment concernant la révision du Code minier mais aussi le rappel du Groupe pétrolier français Total à sa responsabilité en ce qui concerne l’exploration et l’exploitation pétrolières au sein et aux abords du Parc des Virunga (République Démocratie du Congo) et dans tout autres sites classés patrimoine mondial de l’Unesco. Mais d’autres sujets européens seront tout aussi significatifs de l’état d’esprit de la ministre comme sa capacité à faire entendre sa voix sur la Politique Agricole Commune et à faire évoluer la position de la France sur une réforme, dont elle a la responsabilité, la Politique Commune des Pêches afin de mieux assurer l’avenir des mers, des pêcheurs et des communautés littorales grâce à une politique à long terme préservant les ressources halieutiques", indique de son côté le WWF France.
Autre réaction, celle de Jean-Vincent Placé, numéro 2 d'Europe Ecologie - les Verts, qui s'est dit surpris de ce changement. "C’est le seul portefeuille qui a changé, c’est quand même un drôle de message. Alors que Nicole Bricq s’était bien installée depuis un mois, qu’elle connaît très bien les question de l’écologie et qu’elle était déjà très appréciée des associations et des ONG [voir notre article], je ne comprends pas très bien quel est le signal envoyé. C’est donc le premier bémol que je mettrais au gouvernement Ayrault", a déclaré le Sénateur 'vert' sur Europe 1.