Pollutec : les entreprises se mettent à l'éco-conception
A l’occasion du salon Pollutec Horizons, qui se déroule actuellement à Paris-Nord Villepinte, l’Ademe dévoile 17 projets sélectionnés dans le cadre de la deuxième édition de son appel à projets de Recherche, Développement et Innovation en éco-conception. Lancé en 2008, cet AAP encourage l’innovation sur les produits, procédés et services éco-conçus ; une démarche encore peu mature et pourtant indispensable au développement des entreprises car la demande de produits à moindres impacts environnementaux est en constante augmentation. Sur 39 dossiers de candidature déposés, 17 projets ont été retenus et explorent nouvelles technologies, outils et méthodologies en matière d’éco-conception...
L’éco-conception repose sur une approche globale qui va de l’étude d’un produit (bien ou service), de sa conception au recyclage, à l’organisation de ses modes de production et distribution. Pour couvrir l’ensemble des étapes, de la conception à la commercialisation d’un produit ou service éco-conçu, l’Ademe a décomposé son appel à projets en 3 volets.
Premier volet : les projets de recherches technologiques qui développent notamment une offre de biens et de services éco-conçus pour les collectivités et le grand public, et font émerger de nouveaux éco-labels. 5 projets retenus dans le cadre de cet appel à projets, portant essentiellement sur des biens de grande consommation, sont centrés sur une meilleure gestion des ressources.
Deuxième volet : les projets de recherches méthodologiques qui développent de nouveaux outils afin que les entreprises, en particulier les PME, s’approprient plus facilement la démarche d’éco-conception et fassent émerger des projets multi-partenariaux. La plupart des 10 projets retenus propose des outils simples d’utilisation et ergonomiques, dans des secteurs d’activités très variés : boulangerie, cosmétique, mécanique, bâtiment...
Troisième et dernier volet : les projets de recherches socio-économiques qui mettent en évidence, pour la première fois dans un AAP, les leviers sociologiques et économiques à activer pour permettre le développement de la démarche d’éco-conception en entreprise. 2 projets ont travaillé sur les points clés permettant de pérenniser une démarche d’éco-conception. Par contre, l’identification des leviers nécessaires au changement de comportement vers des pratiques plus responsables n’a pas fait l’objet de projets de recherche dans le cadre de cet appel à projets. L’Ademe va donc encourager la recherche dans ce domaine, nécessaire au développement à grande échelle de l’offre de produits éco conçus.
Exemple d'une démarche d’éco-conception innovante : le projet Enviropropre (Groupe Samsic) a identifié, à chaque étape du cycle de vie, les impacts environnementaux de l’activité de nettoyage (consommation de ressources en eau et en énergie, production de déchets, émission d’effluents liquides et gazeux) afin de déterminer les exigences à satisfaire pour exercer cette activité dans le respect de l’environnement, sur la base de la marque NF-environnement. Il concerne le nettoyage courant dans des locaux administratifs et le nettoyage spécialisé dans les établissements de santé. La démarche initiée par Samsic a contribué à l’élaboration du cahier des charges du futur écolabel du service de nettoyage.
Autre exemple : pour veiller à ce que des produits éco-conçus n’entraînent des impacts négatifs sur la santé de ceux qui les produisent ou les utilisent, Hydro Video, concepteur de caméras pour canalisations a développé, en partenariat avec l’ARACT Pays de la Loire, une méthode articulant de façon opérationnelle approche sanitaire et approche environnementale. Leur expérimentation, la création d’une caméra éco-conçue, a démontré que le succès d’une démarche d’éco/ergo-conception reposait sur la qualité des outils d’aide à la décision mis en place, tels que les audits réalisés sur les produits actuels de la gamme. La motivation et l’implication des personnels constituent également un facteur décisif.
Dernier exemple : afin d’améliorer la conception de Sunny Park, une borne de balisage lumineuse, la société Ragni a utilisé une méthode d’éco-conception "EAPIPP" : Eco-conception Adaptée aux Produits et Intégrée au Processus Projet, mise au point dans le cadre de cet appel à projet. Cette méthode permet de visualiser les impacts environnementaux d’un produit à toutes les étapes de son cycle de vie, selon les 8 critères de la roue de l’éco-conception (repenser le concept du produit, sélectionner des matériaux à faible impact, réduire l’impact en amont, optimiser le produit, optimiser les techniques de production, optimiser la distribution, réduire l’impact en utilisation, optimiser la fin de vie du produit) et d’envisager les améliorations technologiques permettant de diminuer les impacts. Cette méthode d’analyse est particulièrement adaptée aux PME et PMI qui disposent ainsi d’une vision globale et partagée de l’impact environnemental de leur produit ou service sans avoir recours à une analyse environnementale détaillée (ACV).