Pollution ; c’est chaud en Arctique
2750 sites pollués en Arctique ! Rien que ça ! On peut dire que ça fait froid dans le dos quand on y pense. Pas de grandes ville sou industries dans cette zone du monde et pourtant…
Longtemps, il a été soutenu par les pays riverains de l’Arctique que le permafrost et le froid étaient un mode et un lieu éternel de gestion et de confinement des déchets. Mais depuis 30 ans, il est constaté que des rivières, des lacs et des eaux souterraines sont contaminés par la migration de polluants issus des décharges et d’autres sites pollués. La mobilisation des polluants provient des variations de températures et des niveaux des eaux, de la fonte des neiges, de la pluie et des inondations. Le gel n’a pas rempli son rôle de cocon pour polluants. Dans la perspective du réchauffement climatique, la rupture progressive de la chaîne du froid serait une catastrophe écologique et accélérerait la libération de tous les déchets.
En analysant les informations disponibles et en correspondant avec les services spécialisés aux Etats-Unis, au Canada, au Groenland, en Norvège, en Suède et en Finlande, Robin des Bois a achevé après un an de recherche un inventaire des sites pollués en Arctique. La Russie n’a pas souhaité répondre à la démarche de Robin des Bois. Cet inventaire concerne les sites pollués par des déchets métalliques, chimiques ou domestiques et exclut les pollutions radioactives qui feront l’objet d’une recherche globale ultérieure.
Les principales activités responsables des contaminations des sols ou des eaux adjacentes ou souterraines sont les bases militaires et scientifiques, la prospection, l’exploitation et la distribution de gaz et de pétrole, le stockage de carburants et les complexes miniers et sidérurgiques. Les polluants dominants sont les hydrocarbures, les métaux lourds, l’amiante, les PCB et autres Polluants Organiques Persistants.
Les historiques des sites pollués ou leurs résumés quand ils existent révèlent des pratiques négligentes résultant du manque de connaissance et du traitement expéditif infligé aux déchets quand ils sont produits dans des milieux hostiles et quasiment inhabités. Les PCB et des métaux spécifiques étaient utilisés en tant qu’additifs dans les fluides de forage.
Le « road oiling » consistait pour réduire les envols de poussières à répandre sur les pistes des mélanges de stériles, d’huiles et de liquides antigel usagés. Les bases militaires étaient des grandes utilisatrices de DDT et un mode courant d’élimination des déchets en fûts était de les transporter sur des lacs gelés en hiver en attendant que le dégel de l’été les engloutisse dans les fonds. En conséquence, les inventaires nationaux et plus précisément de l’Alaska aux Etats-Unis, du Yukon, du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest au Canada ne doivent pas être considérés comme exhaustifs.
Les polluants contaminent aussi les réseaux trophiques. Certaines populations d’ours polaires aujourd’hui désignés comme les victimes spectaculaires du réchauffement climatique sont depuis plusieurs décennies victimes de contaminations internes par les PCB et les insecticides. Les Inuits et les autres communautés indigènes de l’Arctique dont le régime alimentaire est basé sur les ressources aquatiques et le gibier sont eux aussi empoisonnés.
L’Arctique est la cible de pollutions exogènes transportées par les courants atmosphériques et océaniques mais la compilation de Robin des Bois et les cartographies associées montrent que l’Arctique est aussi sous la menace directe des polluants endogènes. La quasi-totalité des sites pollués est en bordure de l’Océan Arctique, des lacs ou des fleuves. Les sites pollués sont des abcès environnementaux et des voies de transfert des polluants vers les eaux douces et marines.
Pour Robin des Bois, il n'y a pas photo : à cause des risques existants et à venir, un plan coordonné de gestion et de réhabilitation des sites pollués en Arctique est indispensable pour préserver les populations autochtones et l’environnement.