Pollution : manif devant chez Dauphin

Le 12/02/2009 à 16:57  

Pollution : manif devant chez Dauphin

Haut-parleur Et pan ! Encore un coup sur le bec du vilain petit canard. Remarquez, ça lui pendait au nez, depuis le temps qu’on en parle, de ces méthodes de travail spécifiques et qui pénalisent l’image du recyclage. Pour le coup, on quitte la Normandie (voir notamment "Déchets verts, y'en a qui voient rouge"), on délocalise pour aller en Isère...

Devant le site GDE, il paraît que le responsable de la sécurité « se prend pour une compagnie de CRS », à lui tout seul, bousculant une dame d’un certain âge, dévisageant la centaine de manifestants qui tiennent bon, malgré le temps de chien qui sévit : pas question pour les camions de passer et de rentrer sur le site de Guy Dauphin Environnement (GDE), recycleur de métaux, basé à Salaise-sur-Sanne.


Les salariés de GDE tentent une négo sur le thème : « on travaille pour vous ». « Et nous, on bouffe ta merde », rétorque une femme. Joyeuse ambiance, comme on peut le constater. Mais le raz le bol est de mise et le broyeur de VHU et autres produits électroménagers n’aura pas à manger. Un point c'est tout.

« Ils se sont installés en 2003, raconte Jean-Claude Girardin, membre de l'association Sauvons notre futur. Très vite, il y a eu des plaintes de la part des riverains mais aussi des industriels. On entendait des explosions, on voyait de drôles de fumées bleues ».

Allez savoir pourquoi ça tombe encore sur GDE. Hein ?

C’est vrai quoi : l’entreprise est établie sur une zone déjà très polluée, dans le couloir de la chimie, au sud de Lyon. Et pourtant, c’est elle qui focalise l'exaspération.

Et pourquoi donc me direz-vous ?

Et bien parce qu’il paraîtrait que les voitures broyées ici, sont mal dépolluées. Il resterait des pneus, des hydrocarbures, de l'huile et autres liquides de frein ou de clim. Ce qui expliquerait, d’après les assos, bon nombre d’explosions ou départs d'incendies. « C'est un sujet compliqué car l'obligation de dépolluer revient aux fournisseurs des épaves, explique Thibaut Dauger, chef de la division environnement à la Drire Rhône-Alpes. Il y aurait sans doute des contrôles à mener dans toute la filière. Après, chez le ferrailleur, il suffit de résidus d'essence, même en très faible quantité, pour provoquer des explosions. »

Le broyage de la ferraille génère des températures élevées, ce qui incendie les fluides ou encore les plastiques contenus dans les VHU.

D'où "l'idée" de dépolluer les véhicules.

D'où les fumées, gavées de COV quand ce n'est pas bien fait.

« C'est le process qui veut ça, répond Bruno Le Sech, secrétaire général du groupe GDE. Les fumées concernent tous les industriels du coin. C'est impressionnant, mais c'est le milieu de l'industrie ».

Sauf que les riverains ne sont pas idiots : ils savent lire... « D'après ses propres analyses, GDE a rejeté en 2007 16 tonnes de composés organo volatils dans l'atmosphère, affirme Jean-Claude Girardin. Depuis, c'est l'opacité la plus totale ».
Ce qui laisse Monsieur Le Sech à sec, c'est à dire à court d'arguments, se contentant de répondre qu'il n'a « pas le chiffres précis à donner ». Et comme la cheminée du broyeur est équipée d'un filtre...

Sauf que de l'autre côté, on ne manque pas d'éléments : « de toute façon, ajoute Monique Lépine, adjointe de Serrières, communes de l'Ardèche voisine, il suffit de le regarder fonctionner : la fumée sort de partout, rien n'est étanche. C'est un vrai four à ciel ouvert. »

Et vous savez ce que c'est : il n'y a pas de fumée sans feu. La personne de Claude Dauphin, actionnaire et descendant du fondateur de l'entreprise, est aussi l'un des fondateurs du groupe Trafigura, celui-là même qui avait affrêté le Probo Koala (voir nos rédactionnels), lequel avait déchargé des produits toxiques en Côte d'Ivoire, ne dit rien qui vaille à la population locale. Alors, forcément, ça fait jaser...

« Il n'est qu'un actionnaire de GDE », rappelle Bruno Le Sech pour qui le débat autour de Salaise est « stérile » (...). « Les associations ne veulent pas de pollution ? mais c'est notre activité qui veut cela. On peut le regretter, être frustré, mais nous sommes dans les clous vis-à-vis de la réglementation ». L'exaspération se posant là, la préfecture a écrit à l'exploitant pour lui demander de canaliser ses rejets.