Pollution PCB : un plan d'actions jugé insuffisant
Aujourd'hui se réunissait le comité de suivi du plan national d'actions sur les polychlorobiphenyles (PCB) doté d'un budget de 8,5 millions d'euros en 2008. Selon le communiqué de presse du ministère de l'environnement des avancées significatives ont été réalisées en moins d'une année tout en reconnaissant que sur la période 2008-2010, "des points de vigilance particuliers sont indispensables". Les écologistes ne se disent pas convaincus de l'efficacité de ce plan et réclament une réponse à la hauteur des enjeux de cette pollution...
D'un côté les pouvoirs publics mettent en avant les progrès qui ont été réalisées depuis la mise en place du plan d'actions en terme de suivi et de mesures contre la pollution par les PCB
Ainsi en 2008 les inspecteurs de la DRIRE ont identifié et quantifié les rejets de PCB liés aux activités industrielles actuelles, continué à rechercher les sources de contamination historiques, renforcé le suivi du plan national de décontamination et d'élimination des appareils contenant des PCB. Autre mesure, la mise en place de travaux de recherche sur les eaux douces et marines. Un budget de 10 millions d'euros a été consacré au pôle de compétitivité Axelera pour l'étude des technologies de dépollution. A noter aussi le démarrage en 2009 de l'étude d'imprégnation des consommateurs réguliers de poissons d'eau douce ( 900 personnes).
Au niveau de la surveillance des PCB dans les poissons et sédiments, les contrôles et procédures ont été renforcées (budget de 1,7 millions d'euros) Ils ont permis "aux préfets de prendre les mesures de gestion des risques adaptées : des interdictions de pêche totales ou partielles en fonction des résultats par espèce et par zone de pêche. Sont ainsi concernés le linéaire du fleuve Rhône, l’Isère dans le département de la Drôme, les grands lacs alpins (Lac Léman, lac d’Annecy et lac du Bourget) et la Seine en Haute et Basse Normandie". Concernant les relations avec les pêcheurs, un dispositif d'accompagnement financier temporaire a été mis en place.
Le comité de suivi reconnaît cependant que pour la période 2008-2010 il va falloir que les gros détenteurs d'appareils contenant des PCB réalisent des efforts pour respecter les objectifs de décontamination du 31/12/2010, et qu'il reste encore de nombreuses recommandations issus du rapport du député Philippe Meunier ( voir ancien rédactionnel) à réaliser prochainement.
En réponse, les écologistes doutent et réclament une mobilisation accrue ... Le WWF-France constate que selon un récent rapport d'Ifremer la contamination de l'estuaire de la Manche dépasse le taux équivalent toxique (TEQ) admissible et s'interroge sur les mesures à prendre à l'égard de la consommation de mollusques de cette région. Il met en cause l'efficacité du plan d'actions sur la réduction des rejets de PCB " alors que plusieurs éléments démontrent au contraire une recrudescence de ces mêmes rejets : dragages sans mesure de précaution, fuite de 4000 litres de PCB à Vaulx en Velin suite à des vandalismes sur des sites orphelins non traités, rejets émanant des stations d’épuration non conformes à la réglementation européenne, trafics d’huiles industrielles etc…". Idem pour France Nature Environnement qui "alerte toujours les pouvoirs publics sur les pollutions au PCB, des vidanges sauvages de transformateurs qui continuent". Ce qui fait dire à Serge Orru, DG du WWF-France " nous sommes en attente de solutions concrètes et tangibles. Dans cet esprit, nous réitérons notre demande de création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’évaluation et le contrôle des pollutions liées aux PCB". Marc Sénant, chargé de mission au sein du pôle Industrie-Produits-Services de FNE d'ajouter : « Sans un véritable plan de gestion de ces « cimetières » de transformateurs, il y a fort à craindre que les PCB, polluants persistants, s’ajoutent aux lourdes pollutions existantes, et là il sera définitivement trop tard! ». A titre d’exemple, il y a un an, c’est sur le site de l’usine « l’Union beurrière » en Haute Saône près de Vesoul, que de nombreux litres de PCB se sont retrouvés dans la nature. Depuis, le procureur a classé ce dossier sans suites, en mai 2008. Ces contaminations inadmissibles démontrent bien que l’Etat n’a toujours pas pris la juste mesure des enjeux conclut FNE.