Porte-avions Clemenceau : Greenpeace se mobilise
Le départ du porte-avions Clemenceau à destination de l'Inde en vue d'y être démantelé pourrait bien avoir lieu dans les prochaines semaines si le référé auprès du tribunal administratif, déposé vendredi dernier par le collectif d'associations réunissant Ban Asbestos, la FIDH et Greenpeace n'aboutit pas. Mais, alors que le gouvernement affiche sa détermination à réduire au minimum les risques d'élimination de l'amiante en France, on comprend mal comment il pourrait accepter si facilement d'exporter un navire sans le même niveau d'exigeance de traitement et de respect sanitaire...
La Cour d'Appel de Paris avait précisé que "le juge judiciaire n'était pas compétent pour trancher le conflit et qu'il fallait en référer au juge administratif". (voir précédents rédactionnels). Cela est maintenant le cas, puisqu'en date du 23 décembre, les associations Greenpeace, Ban Asbestos et la FIDH ont déposé ce référé auprès du tribunal administratif pour s'opposer au départ du navire.
Ce dépôt fait suite à l'aterrissage sur le porte-avions de trois activistes de Greenpeace le lundi 12 décembre par voie aéroportée, et de la remise d'un paquet-cadeau auprès de l'ambassade d'Inde à Paris, une maquette du navire sur laquelle il est inscrit, "Clemenceau, porte-amiante".
Pascal Husting directeur général de Greenpeace France explique "Nous sommes ulcérés par la manière dont l'Etat français via la voix de son Ministère de la Défense présente l'affaire du Clemenceau. Il s'agit d'un mélange inadmissible de mensonges et de demi-vérités enrobé dans un exercice de communication. Contrairement aux allégations officielles, toute l'amiante n'a pas été retirée, les conditions juridiques ne sont pas réunies et les personnels indiens n'ont pas été formés pour autoriser prochainement le départ du Clemenceau vers le site de démantèlement d'Alang en Inde."
"Nous sommes en pleine schizophrénie, s'inquiète Annie Thebaud-Many, porte-parole internationale du réseau Ban Asbestos. D'un côté l'Etat français présente de belles plaquettes illustrant ses discours et invite la presse indienne à une visite de presse sur le bateau mais, de l'autre, ne respecte ni la Convention de Bâle ni ses engagements quantitatifs et qualitatifs en terme de désamiantage. Personne aujourd'hui au ministère n'est capable de donner le tonnage d'amiante exact que compte le bateau. Notre coalition d'ONGs va dès aujourd'hui contester sur le terrain juridique ce départ."
Et les associations d'interroger les autorités françaises : "Comment en effet continuer à croire les autorités françaises sur la question d'un démantèlement propre basé sur la formation des travailleurs indiens alors qu'un rapport du Ministère du travail montre que en 2005, 67 % des chantiers français de désamiantage sont eux-mêmes en infraction ? Pourquoi et comment la quantité d'amiante à enlever peut-elle passer, selon les estimations des officiels eux-mêmes de 220 tonnes à 115 tonnes en quelques mois ? Pourquoi les autorités refusent-elles de recevoir dans son intégralité la coalition des ONGs qui travaillent sur cette question ? Quelles sont aujourd'hui les relations contractuelles exactes entre Thyssenkrupp et l'Etat français ? Quelle est le nouveau statut juridico-légal de SDI ?"
"Les questions sont bien trop nombreuses, les enjeux bien trop importants et ce navire trop symbolique pour ne pas exiger son démantèlement exemplaire", termine Pascal Husting.
En guise de réponse, aucun communiqué à ce jour sur le site du Ministère de la Défense...