Pourquoi CFF Recycling prend le contrôle de Penauille Polyservices ?
Pour le président de CFF Recycling, Daniel Derichebourg, la réponse est simple : l'activité de CFF est cyclique dépendant des variations des cours des ferrailles et des métaux non ferreux. Pour parvenir à lisser les résultats, il faut avoir une activité de service d'où la réflexion initiée depuis longtemps de se développer dans les services. Cette opération est donc "une diversification vers les métiers de prestation de services" et sa motivation première est financière.
Pour le président de Penauille Polyservices, Jean-Claude Penauille, la réponse est simple : avec un endettement de 450 millions d'euros, 55 000 salariés et des résultats en 2002, 2003 et 1er semestre 2004 négatifs il fallait trouver un partenaire pour adapter l'endettement avec la capacité de développement et de résultat de la société. Sa motivation première est donc aussi financière.
D'ailleurs ces deux hommes lorsqu'ils ont présenté leur opération ont indiqué qu'il s'agissait d'abord d'une histoire d'hommes insistant sur leur volonté de travailler ensemble.
Pour les actionnaires minoritaires de CFF Recycling, l'opération n'est pas si simple, elle devrait paraître risquée: alors que le titre a plus que doublé en un an propulsé par une conjoncture des matières premières exceptionelle et inconnue depuis la seconde guerre mondiale au niveau des ferrailles, c'est peut-être le meilleur moment pour céder leurs titres : non seulement, il y a de fortes chances pour que les cours des ferrailles et métaux ne progressent plus et rentrent dans un nouveau cycle, mais en plus le coût de l'opération par CFF Recycling de l'ordre de 100 millions d'euros avec une consolidation d'une dette de plus de 300 millions d'euros représente un pari de véritable joueur.
Pour les actionnaires minoritaires de Penauille Polyservices, cela n'est aussi pas si simple: cela fait déjà depuis de nombreux mois qu'ils constatent la baisse du titre. Alors la porte de sortie de l'OPA à 7 euros est bien maigre. Mais faut-il faire confiance une nouvelle fois à une équipe qui ne leur a pas donné satisfaction ?
Extraits de réactions d'analystes financiers source AFP
Fideuram Wargny confirme sa recommandation d'apporter à l'OPA les titres Penauille Polyservices...
L'OPA sur PPS constitue une opportunité unique pour CFF de se diversifier sur les services aux entreprises, métier, sur lequel il deviendra désormais leader européen avec un CA de 3 MdEUR. L'importante recapitalisation (par restructuration de sa dette) va permettre à PPS de retrouver une dynamique financière positive et lui offrira une nouvelle capacité offensive sur le secteur (notamment par acquisition)", explique l'analyste."
CFF Recycling : un projet risqué qui manque de contrepartie, pour Aurel Leven
L'adossement de Penauille à CFF est jugé "complexe" par Matthieu Viallet d'Aurel Leven Securities, qui pense que les opérations évoquées pourraient coûter quelques 110 ME en cash à l'acquéreur. Le spécialiste estime l'intérêt stratégique du regroupement "très limité" pour CFF, dans la mesure où les deux sociétés ne s'adressent pas au même marché, ce qui exclut les synergies. Au mieux, CFF va pouvoir "gommer une partie de l'aspect cyclique de son activité".
Le bureau d'études souligne que le dossier CFF bénéficie d'un contexte très porteur en ce moment, tandis que, jusque-là, le groupe ne souffrait guère de son endettement (100 ME, soit 58% de gearing). En revanche post-rapprochement, le bilan sera beaucoup plus lourd à gérer avec une dette nette de 535 ME (143% de gearing), précise Matthieu Viallet qui craint pour la structure financière en période moins favorable au marché des matières premières. Aurel Leven pense que d'autres opérations auraient été plus judicieuses, dans des secteurs plus complémentaires de son activité.
"Le nouveau groupe constitué sera complexe à appréhender avec ses deux activités différentes. CFF était apprécié pour deux aspects porteurs le 'recyclage' et les 'matières premières', la donne change avec Penauille Polyservices ", regrette l'analyste qui préfère passer à la vente sur CFF Recycling, qui a déjà repris plus de 30% depuis le mois de novembre, date à laquelle il avait initié le suivi.